Jeff Foster

Rien ne se perd, rien ne se crée; rien ne naît ni ne périt

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Ces mots bien connus sont attribués à Lavoisier; il s’agit en fait d’une citation apocryphe. Les mots exacts du célèbre chimiste français, sont légèrement différents :

« Rien ne se crée, ni dans les opérations de l’art, ni dans celles de la nature, et l’on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu’il n’y a que des changements, des modifications ».

Antoine Lavoisier (1743-1794), Traité élémentaire de chimie

Ces mots d’Antoine Lavoisier peuvent être rapprochés de mots qui sont bien davantage en résonance avec l’idée que je vous transmets aujourd’hui dans cet article, les mots du philosophe grec présocratique Anaxagore.

« Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ».

Anaxagore de Clazomènes, vers 500 – 428 av. J.-C


Après ces propos des siècles passés, je vous propose maintenant d’en venir à une grande voix parmi nos contemporains, celle de Jeff Foster.

Diplômé d’astrophysique, Jeff Foster a connu une longue période suicidaire ; il s’est alors lancé dans une une intense quête spirituelle de la vérité ultime de l’existence. Il nous invite aujourd’hui à déjouer les mirages qui se cachent dans les tribulations de nos existences humaines.

Il n’y a pas de vraies fins, uniquement des transformations, de nouveaux commencements.

« Ami, je sais que parfois nous avons l’impression que tout s’effondre, et que même les mots spirituels les plus beaux paraissent des bêtises fleuries du New Age.

Nous perdons tout ce que nous pensions nous définir, ou qui nous rendait heureux – tout ce qui semblait compter pour nous – et nous avons l’impression que nous n’en guérirons jamais.

Nous sommes dans un désespoir total, dans la déception, dans la désillusion. Nous avons l’impression que c’est « la fin », sans aucun espoir de s’en sortir.

Cependant, dans la vie, il n’y a pas de vraies fins, uniquement des transformations, de nouveaux commencements qui émergent des décombres. Les vieux rêves meurent, les faux s’effondrent – ce qui peut être atrocement douloureux, bien sûr, bien sûr !

La destruction, les dépressions nerveuses, les perturbations, les chocs et les pertes ressemblent souvent à des ennemis, mais ils contiennent toujours les germes du nouveau, et parfois cela prend simplement du temps pour guérir. Cette dévastation que tu traverses, cette crucifixion de tes rêves que tu ressens est une occasion de laisser tomber toutes tes idées sur la manière dont la vie était « supposée être », tous ces rêves chéris qui étaient simplement faux, mais pourtant beaux et utiles en même temps.

L’invitation qui t’est faite aujourd’hui est d’être présent à ta vie, de t’y éveiller, de te tourner vers cette immédiateté, pour honorer ce qui est réellement en train d’arriver là où tu es.

Si c’est la solitude qui te rend visite ici et maintenant, ne t’en détourne pas.

Si c’est la peur, ne la repousse pas, n’essaie pas de lui échapper.

S’il y a de la frustration, de l’anxiété ou simplement un sentiment tranquille de désespoir qui prend place en toi, ne rejette pas ces énergies.

Tout cela veut simplement être ressenti, maintenant. Ce ne sont pas de mauvaises choses. Ce sont tes enfants perdus, les orphelins de l’éveil, et ils veulent simplement être ressentis. Parfois la vie nous fait tomber à genoux afin que nous puissions ressentir tout ce que nous avions fui dans l’existence. Et, oui, la « rencontre » peut faire mal. Mais peut-être que ressentir ce mal est le début de la guérison, et non sa fin. […]

C’est un appel à une simplicité radicale, radicale. À honorer l’inconnaissance. À admettre l’humilité face à la vie.

Sans cette histoire d’un passé ou d’un avenir, peux-tu réellement savoir que ta vie a « mal tourné » ? Car telle est la croyance au cœur de tout, n’est-ce pas ? Que ta vie a « mal tourné ». Que ton « moi » a échoué d’une manière ou d’une autre. Que l’univers est cruel et, d’une façon ou d’une autre, contre toi. Intelligente conclusion à tirer, vraiment. Je ne vais pas te juger pour cela. Mais peut-être que ce n’est pas la vérité. Peut-être que l’esprit ne perçoit pas tout le tableau.

Mon ami, ta désillusion, ton incapacité à croire maintenant tous ces enseignements spirituels, y compris le mien, n’est pas une erreur – c’est une pure Intelligence à l’œuvre ! Ta désillusion fait partie de ton éveil, ce n’en est pas la fin ! La désillusion est sacrée !

Tu as été invité à un éveil plus profond que tu ne l’avais jamais pensé possible. Il t’est demandé maintenant de tout remettre en question – tout – y compris tous ces enseignements spirituels chéris auxquels tu accordais auparavant une si grande valeur. Tu es appelé à trouver ta propre autorité, à laisser tomber toutes ces idées périmées sur ce que la vie « devrait » être. Tu es invité à laisser tomber tout ce qui est de seconde main, tout ce qui est vieux, tout ce que tu as reçu – de tes parents, de tes enseignants, de tes gourous, des médias – tout ce que tu as dans la mémoire, tout ce que tu as dans la pensée, et tu es convié à être présent à la vie, brute et nue.

Parfois nous devons tout perdre pour nous rappeler notre humilité, que nous n’avons pas le contrôle, et que chaque moment est rempli d’étonnement et danse dans l’incertitude. Tu es sur un chemin de dévastation maintenant – c’est exactement ce que Jésus enseignait et vivait.

Ce n’est pas ta fin – c’est le début d’une vie nouvelle et différente, une nouvelle manière de bouger dans le monde, même si c’est difficile à voir. C’est un moment de renouveau, de ralentissement, de découverte de l’abondance contenue dans le rien. Le moment d’être plus gentil envers toi-même.

Il y a tant de possibilités pour toi, l’ami, même si tu ne le crois pas.

Maintes fois dans ma propre vie, j’ai eu l’impression de ne pas pouvoir continuer à avancer, ni pouvoir rester sur place.

Je sentais que j’avais tout perdu, que rien n’était possible, que le vide était la seule voie qui m’était présentée.

Mais je ne savais simplement pas ce que l’univers avait en magasin. Je ne savais pas. Je me sentis bientôt très humble.

Même si tu te sens solitaire et abandonné, effrayé ou en colère, l’ami, sache que de nombreux autres marchent avec toi, et que de nombreux autres comprennent. Tu écriras ton propre livre de transformation un jour.


« Ce moment, ami, ce moment »

Jeff Foster, Se reposer, Éditions Almora, 2017

Rien ne se perd, rien ne se crée; rien ne naît ni ne périt

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