La constitution humaine selon la philosophie ésotérique, par Annie Besant
« Il est nécessaire de résumer brièvement ici la constitution humaine, telle que la décrit la Philosophie ésotérique, car nous devons avoir présentes à la mémoire les diverses parties de cette constitution, si nous voulons arriver à comprendre la manière dont elles se désintègrent. L’homme est composé comme il suit :
1° D’une triade immortelle : Âtma / Buddhi / Manas
2° D’un quaternaire mortel : Kâma / Prâna / Double éthérique / Corps dense
Le Corps dense est le corps physique, la forme extérieure visible et tangible, composée de tissus variés. Le Double éthérique est la contre-partie éthérée du corps, composée des éthers physiques.
Prâna est la vitalité, l’énergie constructrice qui coordonne les molécules physiques et les réunit en un organisme défini ; c’est le « Souffle de Vie » dans l’organisme ou, plutôt, cette portion du Souffle de Vie universel qu’un organisme humain s’approprie, pendant la brève période de temps à laquelle nous donnons le nom de « Vie ».
Kâma est cet ensemble de désirs, de passions et d’émotions que l’homme et l’animal ont en commun.
Manas est le penseur en nous, l’intelligence.
Buddhi est le véhicule dans lequel l’esprit (Âtma) réside, et dans lequel seul il peut se manifester.
Le lien entre la Triade immortelle et le Quaternaire mortel, c’est Manas, qui est double pendant la vie terrestre, ou incarnation, et qui fonctionne comme Manas supérieur et comme Manas inférieur.
Le Manas supérieur projette un rayon de lui-même : le Manas inférieur ; celui-ci, se servant du cerveau humain comme instrument, y développe l’intelligence et la raison, lesquelles se mêlent, à leur tour, avec Kâma – le Corps du désir ; et c’est ainsi que les émotions et les passions, comme l’explique la psychologie moderne, entrent, elles aussi, dans le domaine de l’intelligence.
Nous avons donc, dans ce Kâma-Manas, le lien qui existe entre la nature supérieure et la nature inférieure ; ce lien appartient à la nature supérieure par ses éléments manasiques, et à la nature inférieure par ses éléments kâmiques. Et comme c’est sur ce terrain que les batailles des passions se livrent pendant la vie, ces deux éléments jouent un rôle dans l’existence d’outre-tombe.
Nous pouvons maintenant classer nos sept Principes d’une manière un peu différente, et mettre bien en lumière ce mélange dans Kâma-Manas d’éléments mortels et immortels :
1° Éléments immortels : Âtma / Buddhi / Manas supérieur
2° Éléments conditionnellement immortels : Kâma-Manas
3 Éléments mortels : Prâna / Double éthérique / Corps dense
Parmi les auteurs chrétiens, quelques-uns ont adopté une classification semblable à la nôtre, déclarant que l’Esprit est immortel, par sa nature propre, parce qu’il est d’origine divine ; que l’âme est conditionnellement immortelle, c’est à dire capable par son union avec l’Esprit de goûter, elle aussi, l’immortalité ; et que le corps est entièrement mortel. La majorité des chrétiens non instruits divisent simplement l’homme en deux parties : le corps, qui périt à la mort, et ce quelque chose appelé tantôt l’âme, tantôt l’esprit, qui survit. Cette dernière classification, qui en est à peine une, est bien insuffisante, lorsque nous cherchons une explication raisonnée ou même un simple exposé des phénomènes de l’existence post-mortem.
La division de la nature humaine en trois parties donne une idée plus nette de son organisation ; mais elle ne suffit pas à expliquer maints phénomènes. La division septénaire seule fournit une théorie raisonnable et capable d’expliquer les faits que nous désirons étudier ici ; aussi, quelque compliquée qu’elle puisse paraître, l’étudiant sérieux fera bien de se familiariser avec elle. S’il ne se proposait que le corps humain comme sujet d’étude, et s’il désirait arriver à en comprendre le mécanisme, il serait forcé d’en classer les tissus divers d’une façon infiniment plus détaillée que celle dont je me sers ici. Il faudrait qu’il apprît la différence qu’il y a entre les tissus musculaires, nerveux, fibreux, glandulaires, osseux, cartilagineux, et toutes leurs variétés. Et si, dans son ignorance, il se révoltait contre une division si compliquée, on lui montrerait que ce n’est que par une analyse minutieuse des différentes parties du corps que l’on peut arriver à comprendre les phénomènes variés produits par le mécanisme humain. On lui dirait comment l’un de ces tissus est nécessaire à la conservation du corps, comment un autre est l’agent du mouvement, un autre celui de la sécrétion, un autre celui de l’absorption, et ainsi de suite, et que si l’on ne donnait pas, à chacun d’eux, un nom distinctif, il en résulterait une confusion et un malentendu qui empêcheraient de se rendre compte des fonctions diverses du corps. On gagne du temps et l’on se fait une idée plus nette du sujet, en se servant de quelques termes techniques nécessaires ; car la clarté est absolument indispensable pour bien comprendre les phénomènes complexes de la vie d’outre-tombe. »
Annie Besant, La mort et l’au-delà, Ed. Adyar, pp. 16-20