La mort est-elle la fin ?
» La première et la plus fatale de toutes les fausses conceptions de la mort est l’idée qu’elle est la fin de tout ; que rien dans l’homme ne survit après elle. Beaucoup de gens semblent avoir l’impression que cette forme grossière du matérialisme a presque complètement disparu ; que c’était une maladie mentale de la première partie du siècle dernier, et que la race s’en est maintenant guérie en grandissant. Il serait très souhaitable que cette opinion représentât les faits, mais je crains qu’un observateur attentif de la pensée contemporaine ne puisse guère y souscrire. Il est heureusement vrai que cette nuisible plante du matérialisme ne se dresse plus sur les hauteurs avec l’assurance d’antan, car les hommes, dont l’opinion vaut d’être considérée, ont à présent compris leur erreur. Mais il y a encore une masse d’ignorance absolue par le monde, et, pis encore, une forme déplorable entre toutes, celle qui, ayant attrapé quelques phrases scientifiques toutes faites, se gonfle de vanité agressive et se croit en possession de la sagesse des siècles. Parmi les malheureux qui sont soumis à ce genre d’esclavage, il y a, aujourd’hui encore, bien du matérialisme sous sa forme la plus brutale « .
» Cependant, nous pouvons certainement espérer que ce genre de sentiment est en décroissance ; mais je crains qu’il ne soit guère possible d’en dire autant d’une forme moins criante mais plus insidieuse de cette maladie. Il y a des milliers d’hommes et de femmes qui professent nominalement une forme quelconque de religion et qui repousseraient avec indignation l’idée qu’ils sont matérialistes ; et pourtant, en fin de compte, ils mènent leur vie précisément comme si ce monde était le seul auquel ils aient à penser. Parfois, sans doute, il leur arrive d’employer des mots et des expressions impliquant l’existence d’un autre monde ; mais cela ne semble jamais entrer le moins du monde dans les considérations sur lesquelles ils basent leur conduite. Ce matérialisme de fait, s’il est moins évidemment stupide que l’autre et moins gênant pour les contemporains de celui qui le pratique, produit néanmoins des résultats à peu près identiques en ce qui touche son sort après qu’il a passé les portes de la mort.
Une autre erreur, peut-être encore plus répandue, est de croire que la mort est un saut dans l’immensité inconnue — qu’il est impossible d’apprendre avec quelque certitude quoi que ce soit sur les états par lesquels passe l’homme lorsqu’il quitte notre plan physique. Évidemment, certaines sectes religieuses prétendent donner des renseignements excessivement précis sur ces états ; mais il semble que tout cela laisse une impression d’irréalité absolue à la grande majorité de leurs adeptes ; en tout cas, ils n’agissent ni ne parlent comme s’ils y croyaient réellement. Et pour la plupart de ces sectes ces renseignements sont, à vrai dire, d’une inexactitude si fantaisiste que, même s’ils trouvaient créance, on peut se demander s’ils ne feraient pas plus de mal que de bien « .
C.W. Leadbeater, L’Autre côté de la mort, Ed. Adyar, p.2
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