C.W. Leadbeater - L'Autre côté de la mort

Le point de vue théosophique sur le purgatoire

 » Parmi les croyances de notre monde occidental, la grande église catholique est la seule qui enseigne quelque chose sur ce qui existe après le Tombeau.
Cet enseignement, bien exprimé sous une forme symbolique qui a été mal comprise et matérialisée, exprime néanmoins la réalité de manière suffisante pour permettre à ceux qui l’ont accepté de comprendre la situation dans laquelle ils se trouvent après avoir quitté le corps physique. Même ici, cependant, la vérité est, d’une part, obscurcie par l’ombre mensongère de la doctrine blasphématoire de la torture éternelle, et, d’autre part, elle est dépouillée de beaucoup de sa dignité par le système ridicule de ce qu’on nomme les indulgences.
La doctrine catholique, à ce sujet, me semble pouvoir s’exprimer, dans ses très grandes lignes, de la façon suivante : tandis que l’homme perdu de vices tombe en Enfer, et que le saint parfait est immédiatement emporté au Paradis, telle la Sainte Vierge lors de son Assomption, l’homme de moralité ordinaire porte encore avec lui trop de défauts et d’imperfections pour qu’il puisse paraître directement devant Dieu.
En conséquence, il lui faut faire un séjour plus ou moins long dans une situation intermédiaire appelée purgatoire, au cours duquel ses différentes imperfections sont éliminées par un procédé relativement rapide, mais pénible « .


L’autre côté de la mort – C.W. Leadbeater


 » Ce n’est qu’après avoir ainsi atteint la perfection par la douleur qu’il est prêt à passer dans la félicité du paradis. Ceux qui ont étudié la Théosophie verront immédiatement que cette théorie, dans la forme sous laquelle je viens de la présenter, correspond de très près à la réalité des faits. Une période arrive dans le développement de l’homme, mais seulement après des millions d’années, où celui qui s’est sans cesse opposé à tout progrès est en effet rejeté, non pas certes dans un enfer éternel (car ce n’est là qu’une invention sinistre, sortie du cerveau déséquilibré de quelque monstre diabolique de cruauté humaine), mais dans un état où l’existence est relativement suspendue ; dans cet état il attend l’apparition d’une nouvelle série évolutive qui lui offre, à ses degrés inférieurs, l’occasion de se développer de façon plus accessible à ses faibles capacités. Il est simplement dans la position d’un enfant qui n’a pas pu suivre ses camarades ; il ne peut pas faire avec eux la partie supérieure du programme fixé pour le reste de l’année ; il lui faut donc attendre jusqu’à ce que, au début de la prochaine année scolaire, un nouveau groupe d’élèves commence les études qu’il n’a pas pu saisir. Il se joint à eux, et, repassant une fois de plus sur le terrain déjà parcouru, il est à même de réussir là où il succomba précédemment devant les difficultés du chemin. Ainsi, au lieu du mensonge hideux de la damnation éternelle, nous avons la vérité miséricordieuse de l’intervalle éonien. D’autre part, l’âme arrivée à un haut degré de développement, celle qui pendant la vie terrestre s’est rendue complètement maîtresse de sa nature inférieure et a entièrement dominé la passion et le désir, traverse en effet la vie astrale avec une telle rapidité, qu’en reprenant conscience, elle voit s’ouvrir devant elle la splendeur et la félicité indescriptibles du paradis.
Mais l’homme ordinaire est loin d’avoir réussi à dominer entièrement tous ses désirs, toutes ses passions terrestres avant sa mort. Aussi se trouve t-il sur le plan astral muni d’un corps passionnel très suffisamment vigoureux qu’il s’est fait lui-même au cours de sa vie physique, et dans lequel il doit vivre jusqu’à ce que le processus de sa désintégration soit à son tour terminé. Cette désintégration ne se produit qu’à mesure de la disparition du désir qui le fait vivre, et cela implique souvent des souffrances que symbolisent assez bien les feux du purgatoire « .



La vérité sur le purgatoire

 » L’exemple souvent cité de l’ivrogne, bien qu’étant un cas extrême, montre très clairement de quelle manière agit ce système de purification. On sait la force terrible du désir de la boisson – comment ce désir, lorsqu’ils s’empare d’un homme, détruit tout sentiment de convenance, toute affection naturelle pour ceux qui lui sont chers, au point de laisser mourir de faim sa femme et ses enfants, de vendre même jusqu’aux vêtements qu’ils portent, afin d’obtenir le moyen de satisfaire son abominable appétit. Quand cet homme meurt, ses dispositions ne sont nullement changées par la mort, l’horrible passion le domine avec la même force – bien plus, elle est encore plus forte au début, car la vibration du désir n’a plus à mettre en mouvement le poids de la matière physique. Mais ayant perdu son corps physique, grâce auquel seulement il lui était possible de réaliser son désir, celui-ci doit rester éternellement insatisfait. On voit que nous avons là les éléments d’un véritable purgatoire, et que le symbole du feu purificateur n’est certes pas inadéquat.
Cependant, c’est fort heureusement le purgatoire et non l’enfer — non cette absurde et inutile éternité de souffrance destinée uniquement à satisfaire la méchanceté et la cruauté d’un despote irresponsable auquel la théologie orthodoxe nous demande de croire. C’est simplement le processus nécessaire, le seul efficace et par conséquent le plus miséricordieux pour obtenir l’élimination du funeste désir. La souffrance est terrible, mais le désir s’use graduellement et alors seulement l’homme passe dans la vie supérieure du paradis. Mais le désir étant consumé, l’homme en est définitivement libéré, et rien ne l’oblige à s’en charger à nouveau dans sa prochaine incarnation, à moins qu’il ne le veuille.
Le désir lui-même est mort, mais il subsiste toujours cette même faiblesse de caractère qui rendit possible la soumission à ce désir. Dans sa vie suivante, le buveur naîtra avec un véhicule astral renfermant la matière nécessaire à l’expression du même désir – avec, pour ainsi dire, un matériel qui lui permettrait de reproduire, à cet égard, sa vie passée. Il reçoit cette matière parce que, dans sa dernière incarnation, il l’a recherchée et s’en est servi ; mais bien qu’elle lui soit donnée, il n’est nullement obligé, cette fois, de s’en servir de la même façon que précédemment. Si, en conséquence de ses actes antérieurs, il a la chance de se trouver l’enfant de parents attentifs et capables, et d’être par eux habitué à considérer ces désirs comme mauvais, à les dominer et à les réfréner dès qu’ils apparaissent, alors la matière qui aurait servi à les manifester restera inerte, et graduellement s’atrophiera faute d’être utilisée, comme font beaucoup de nos muscles.
La matière du corps astral s’use et se remplace lentement, mais constamment, exactement comme celle du corps physique ; et quand celle qui est atrophiée disparaîtra, elle sera remplacée par de la matière d’un ordre plus raffiné, qui est incapable de répondre aux vibrations rudes et brutales de ce grossier désir sensuel, de sorte que l’homme se trouvera dans l’impossibilité de s’y adonner. En fait, il a dépassé le degré de développement où cela était possible et a définitivement vaincu ; de sorte que jamais plus, dans les longues séries de vies futures, il ne recommencera cette faute, car il a maintenant établi dans son ego la vertu antagoniste de l’absolue maîtrise de soi, en ce qui concerne ce vice. Dans cette vie de lutte contre ce désir il a réussi à le vaincre ; désormais il n’y a plus lutte, car il voit le vice sous ses véritables couleurs et celui-ci n’a plus le moindre attrait pour lui. Ainsi, la souffrance endurée sur le plan astral, qui lui paraissait autrefois si terrible et qui l’était en effet, a été en réalité un bienfait caché, puisque par elle il a été mis à même de remporter cette victoire morale, et de faire ce pas définitif dans le sentier de l’évolution. Aucune méthode autre que cette souffrance ne pouvait lui faire obtenir ce magnifique résultat.
Ainsi, nous voyons qu’il y a bien une vérité derrière la doctrine du purgatoire, et lorsque l’abus des prétendues indulgences fut balayé au cours de cette extraordinaire explosion de matière pestilentielle sortie du système ecclésiastique et que l’on a coutume d’appeler « la Réforme », on rejeta en même temps une grande idée belle, vraie et utile « .

C.W. Leadbeater, L’Autre côté de la mort, Ed. Adyar, pp. 4-7

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2 Comments

  • Guy

    Merci Jérôme pour ces explications très claires.
    Si je ne peux attester que j’ai toujours été convaincu de la chose, je peux affirmer que je l’ai toujours plus ou moins ressentie. La Réforme a trop souvent jeté le bébé avec l’eau du bain !

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