La plus grande réalité
La vie, telle qu’elle est vécue dans les mondes supérieurs, est infiniment plus réelle !
» C’est là un point sur lequel on ne saurait insister trop énergiquement, car la grande majorité des gens sont encore si complètement sous la domination de leurs sens physiques que c’est l’irréel qu’ils considèrent comme la seule réalité ; d’autre part, plus une chose se rapproche de la vraie réalité, plus elle leur paraît absolument irréelle et incompréhensible !
Le plan astral a été nommé le monde de l’illusion, pour des raisons qui sont suffisamment compréhensibles. Et pourtant, il est au moins d’un échelon plus haut que le monde physique et, par conséquent, d’un degré plus près de la réalité. Il se peut qu’il y ait beaucoup d’illusion dans ce monde ; mais, en tout cas, le fait de descendre plus bas encore dans ce voile plus épais qu’est notre grossière matière physique ne fait qu’augmenter et non diminuer l’illusion. La vision astrale est certes bien éloignée de l’universelle et claire vision de l’âme humaine sur le plan qui lui est propre ; mais du moins est-elle plus pénétrante et plus sûre qu’aucun sens physique. Et comme l’astral est au physique, de même le mental est à l’astral, sauf que le rapport est élevé à une plus grande puissance ; de sorte que, non seulement le temps passé sur ces plans est beaucoup plus long que la vie physique, mais chaque moment de ce temps peut être — s’il est bien employé — considérablement plus profitable que la même durée ne le pourrait être sur notre plan.
Nécessité de la vie physique
Cela est d’une vérité si complète, si absolue, que la vie physique paraîtrait vraiment une quantité négligeable et sans importance, n’était le fait que, dans l’état actuel de notre évolution, il y a tout un ordre de réalité que nous ne pouvons atteindre que par l’intermédiaire des vibrations plus lentes de cette matière plus fruste et plus lourde ; aussi la vie terrestre nous est-elle nécessaire.
C’est là un point sur lequel il serait peut-être bon de dire un mot ou deux, de peur que dans notre effort de chasser les fausses conceptions, nous ne soyons nous-même mal interprété. Quelques personnes ont été disposées à croire que, puisque la mort n’est que l’entrée dans une vie meilleure, et apparaît en somme si belle et si désirable, il n’est pas besoin de faire aucun effort pour l’éviter, ni de prendre aucune peine pour conserver cette vie physique. En vérité, on pourrait bien supposer que plus tôt on meurt, mieux cela vaut ; on semblerait presque trouver dans cette connaissance un encouragement au suicide ! Si nous ne pensions uniquement qu’à nous-mêmes et à notre plaisir, il en serait ainsi ! […] Il faut se souvenir que nous sommes ici pour quelque chose — et pour quelque chose que nous ne pouvons réaliser que sur le plan physique. […] Ainsi, tout irréelle qu’elle soit, cette vie physique est un certain sens le temps des semailles, car c’est au cours de cette vie que nous pouvons mettre les forces en mouvement, et la moisson sera récoltée dans des conditions bien plus favorables et plus fructueuses dans les sphères supérieures.
Mais cette vérité ne change rien au fait dominant exposé plus haut, à savoir que la réalité supérieure est celle de ces sphères plus hautes ; il ne faut pas laisser cette vérité obscurcir cette autre vérité éternelle, que la mort est véritablement pour nous le portail qui s’ouvre sur une vie plus grandiose, — que toute la splendeur, toute la beauté que nous connaissons actuellement n’est rien auprès de la beauté des mondes auxquels elle nous donne accès. Et cela, parce qu’en passant les portes de la mort, un au moins des nombreux voiles, le plus lourd et le plus sombre, tombe pour nous de devant la face de Celui qui est en soi Splendeur et Beauté, le Seigneur de la vie comme de la mort.
Si nous arrivons seulement à saisir cette vérité de la réalité plus grande des mondes supérieurs, nous nous serons débarrassés pour toujours de cette fatale impression de vague et d’obscurité qui, pour tant de gens, environne tout ce qui n’est pas physique. Cette impuissante incertitude au sujet de toute vie supérieure, si longtemps caractéristique de la pensée de la majorité des Occidentaux, a été le plus grand ennemi d’une appréciation exacte de la signification et de l’utilité de la vie, l’arme la plus puissante des esprits mal intentionnés « . […]
Les faits tels qu’ils sont
» Nul changement soudain ne s’opère chez l’homme à sa mort, et il n’est pas non plus subtilisé, pour se retrouver dans quelque paradis, au-delà des étoiles. Au contraire, l’homme demeure après la mort exactement ce qu’il était avant — pareil en intelligence, en qualités et en facultés ; et les conditions où il se trouve transporté sont exactement celles qu’il s’est fait lui-même. Les pensées et les désirs qu’il a encouragés en lui, au cours de la vie terrestre, prennent forme d’entités précises et vivantes, qui l’entourent de leur vol et réagissent sur lui jusqu’à épuisement de l’énergie qu’il a mises en elles. Quand ces pensées et ces désirs ont été puissants et constamment mauvais, les compagnons ainsi créés peuvent être terribles ; mais heureusement ces cas constituent une grande minorité parmi les habitants du monde astral. Le pire que l’homme du monde ordinaire se prépare pour après sa mort, est une existence inutile et fastidieuse au delà de toute expression, vide de tout intérêt rationnel — résultat naturel d’une vie terrestre gaspillée en satisfactions égoïstes, en banalités et en bavardages.
Il n’y a pas de récompense ni de châtiment infligés du dehors, mais seulement le résultat même des actes, des paroles et des pensées de l’homme lui-même pendant son séjour sur cette terre. En somme, on fait son lit pendant la vie terrestre, et on doit ensuite s’y coucher.
Cependant, cette vie nouvelle ne doit pas être conçue uniquement comme une vie de résultats. Elle peut n’être guère plus pour quelques-uns, mais c’est entièrement leur faute. Le plan astral est d’un degré au-dessus du plan physique ; ses possibilités sont donc, à tous égards, beaucoup plus grandes que celles du niveau inférieur, qu’il s’agisse de plaisir ou de progrès. Mais ces possibilités sont elles-mêmes d’un caractère plus élevé, et demandent, pour qu’on en puisse profiter, une certaine quantité d’intelligence et de sagacité. Celui dont le développement intellectuel est si borné que, durant la période physique de sa vie, il n’a pas su voir plus loin que ce degré, et s’est consacré uniquement aux choses matérielles, ne paraît guère capable de s’adapter à des conditions plus avancées. Si, par négligence ou par aveuglement, il n’a pas saisi les occasions restreintes de la vie physique, il est bien peu probable que son esprit à demi atrophié ait la force de saisir les possibilités plus larges de cette vie plus noble.
Mais si, durant la vie terrestre, il s’est intéressé à des choses intelligentes, s’il a eu assez d’âme pour regarder au-delà de la matière grossière, il verra s’ouvrir devant lui des ordres nouveaux de recherches et d’études du plus émouvant intérêt. Si à ce premier degré il a appris à connaître la joie des actes désintéressés et à travailler pour le bonheur d’autrui, la vie astrale sera pour lui une vie de joie très profonde et de progrès très rapide. L’homme intelligent et secourable qui comprend les conditions de cette existence non-physique, et se donne la peine de s’y adapter et d’en tirer le meilleur parti, voit s’ouvrir devant lui une splendide perspective pleine d’occasions, aussi bien d’acquérir de nouvelles connaissances, que de faire œuvre utile.
Il découvre que la vie débarrassée de ce corps épais a un éclat et une fraîcheur auprès desquelles tout plaisir terrestre est comme le clair de lune comparé au soleil, et que, par l’intermédiaire de son clair savoir et de sa calme confiance, la puissance de la vie éternelle répand sa lumière sur tous ceux qui l’entourent. Comme il a été dit plus haut, il peut devenir un centre de paix et de bonheur inexprimables pour des centaines de ses semblables, et peut faire plus de bien en quelques années qu’il n’en aurait jamais pu faire dans la plus longue vie physique « .
C.W. Leadbeater, L’Autre côté de la mort, Ed. Adyar, pp. 37-41 et 44-45