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Chronique : L’aura et le corps immortel

Dix-sept ! Nous voici à la chronique n° 17 de mon challenge de découverte de l’au-delà, sur un total prévu de 19 chroniques.

L'aura et le corps immortel

Comme le laisse à penser son titre, cet ouvrage de Jean Prieur traite de deux notions corrélées : l’aura d’une part, et d’autre part ce que l’auteur appelle ici le corps immortel, mais qu’on appelle plus souvent le corps subtil, ou plutôt les corps subtils.

Jean Prieur est un auteur fort prolifique qui a publié plusieurs dizaines d’ouvrages dans le registre ésotérique.

Par rapport à l’ensemble de ses écrits, le présent ouvrage est déjà relativement ancien, puisque sa première édition, dans la collection Les Portes de l’Étrange chez Robert Laffont, remonte à 1979. La dernière édition de l’ouvrage est chez Fernand Lanore.

Jean Prieur - décédé en 2016 à 102 ans

L’aura et le corps immortel – Jean Prieur

Pourquoi Jean Prieur a-t-il choisi les mots corps immortel pour titre de son ouvrage, alors qu’on ne les trouve que rarement dans la littérature ésotérique ?

Il nous l’explique dans son introduction : son intention était de mettre en avant l’idée que l’immortalité n’est pas seulement le fait d’une âme complètement immatérielle, mais qu’elle concerne un substrat doué d’un certain de degré de matérialité, que l’on peut naturellement désigner du terme de corps.

Après les néo-platoniciens, il n’y a plus grand-chose dans toute l’histoire de la philosophie sur le concept d’immortalité d’un certain corps. À part peut-être chez Leibniz, on trouve uniquement l’idée que seule l’âme immatérielle est immortelle.

En revanche, l’idée d’immortalité ou de survivance (les notions sont à distinguer) d’un corps doué d’une certaine matérialité — certes plus subtile que celle de notre corps de chair — abonde dans toute l’histoire de l’ésotérisme.

Cette question est d’ailleurs suffisamment aux yeux de l’auteur pour qu’il choisisse de lui consacrer toute la première partie de son ouvrage, qu’il intitule Les noms du corps immortel.

Les noms du corps immortel

Il s’avère que dans tout son ouvrage, Jean Prieur utilisera très peu l’expression qu’il a choisie pour son titre. En effet, plutôt que de corps immortel, il parlera de corps métaphysique, en nous rappelant que le mot métaphysique est construit à partir du préfixe meta, que l’on trouve par exemple dans métalangage et métadonnée.

Ce préfixe, qui a notamment les significations d’aller au-delà, à côté de, entre ou avec, permet de bien exprimer l’idée que le corps métaphysique accompagne le corps physique et va au-delà de lui.

Comme le mentionne Jean Prieur, ce corps a aussi été dénommé  » corps astral par les occultistes, périsprit par les spirites, corps de désir par les Tibétains, ka ou double par les Égyptiens, corps éthéré par certains philosophes grecs, corps spirituel par Saint Paul, corps subtil par certains pères de l’Église « .

Ces diverses appellations pourraient nous porter à croire qu’elles ne sont que différentes façons de nommer un unique corps immatériel.

Mais très probablement, comme je l’ai mentionné au début de cet article, il n’y a pas qu’un seul corps subtil, mais plusieurs. Et les divers courants ésotériques en font des descriptions qui diffèrent légèrement.

Jean Prieur considère que l’on peut parler de quatre corps, en rapport avec les quatre éléments de la tradition antique. Nous trouvons respectivement les corps :

  • glorieux, ou corps de gloire, associé à l’élément feu
  • spirituel, associé à l’élément air
  • éthérique, associé à l’élément eau
  • physique, celui qui nous est familier. Il est associé à l’élément terre.

Quel corps est immortel ?

Il est important de noter que, dans cette conception, seul le corps de gloire est immortel. Le corps spirituel ne l’est pas, il est voué à disparaître. Mais sur ce point Jean Prieur reste élusif, tout au moins à ce stade de son ouvrage, car la troisième partie est consacrée, comme nous allons le voir, à décrire la vision des différents courants ésotériques à ce propos.

L’auteur se contente pour le moment de nous apprendre que sa mise en correspondance des quatre corps avec les quatre éléments lui a été suggérée par une messagère dont il a transmis le message dans un de ses autres ouvrages : Les morts ont donné signe de vie, ouvrage réédité aux éditions Le temps présent.

Les morts ont donné signe de vie

 

Le point de vue de Jean Prieur sur l’aura

Jean Prieur consacre uniquement un chapitre de la première partie de son ouvrage à l’aura, alors qu’on aurait pu s’attendre à davantage, étant donné le titre de l’ouvrage.

Au début de ce chapitre, l’auteur affirme que l’aura concerne non seulement l’homme mais aussi les animaux, les végétaux et la terre, et qu’elle est un champ magnétique alternatif.

Je trouve cette dernière affirmation surprenante de sa part, car elle implique que l’aura relève du domaine physique, et devrait donc pouvoir être décrite par la science physique et notamment mesurée par des appareils.

Jean Prieur écrit encore :  » Le champ magnétique de l’aura est composé d’une myriade de lignes de forces. Il croît et décroît, émet des ondes et en reçoit. « 

Or à ma connaissance la science académique considère que la notion d’aura ne repose sur aucun fondement scientifique.

Pourquoi Jean Prieur ne décrit-il pas l’aura comme un rayonnement de nature subtile, d’une nature analogue à celle des corps subtils ?

Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, et voyons plutôt la suite de ce que Jean Prieur nous décrit à propos de l’aura :

  • Selon l’état émotionnel de la personne, l’aura peut se dilater ou se contracter. Elle peut également varier selon l’état physique et mental.
  • Sa forme est celle d’un grand ovoïde polarisé, avec un pôle positif à la tête et un pôle négatif aux pieds, entre lesquels le courant vital circule.
  • Elle est perçue par les voyants, les sensitifs, les médiums…
  • Les aura de plusieurs personnes interagissent les unes avec les autres :  » des personnes en union de pensée développent une aura de groupe « .

Une deuxième surprise nous attend dans ce chapitre : Jean Prieur, dont le style est plutôt à tendance lyrique (il vient de sa carrière littéraire initiale), nous assène ici trois propositions qu’il qualifie de… théorèmes !

Les théorèmes de Jean Prieur

 » Théorème I : L’intensité de la pensée ou du sentiment détermine le volume de l’aura « .

 » Théorème II : La qualité de la pensée ou du sentiment détermine la couleur de l’aura « .

Le dernier théorème est relatif à la couleur de l’aura. Jean Prieur consacre d’ailleurs le dernier gros tiers de ce chapitre à la description du lien entre les couleurs de l’aura et l’état physique, émotionnel et spirituel de la personne considérée.

 » Théorème III : Toute couleur comporte un aspect négatif et un aspect positif « .

Les couleurs se répartissent en deux séries, la première contient celles du spectre  solaire : rouge, orange, jaune, vert, bleu, violet ; la seconde série concerne les radiations brunes, grises, blanches, noires, argent et or.

Voyons un exemple de la description de la signification des couleurs.

 » LES RADIATIONS NOIRES

Aspects négatifs : absence de toute couleur, de toute vie, de toute beauté, de toute bonté.

Aspects positifs : aussi surprenant que cela paraisse, le noir dans l’aura n’est pas toujours mauvais. Il existe un noir qui est destruction aux fins de reconstruction : noir bénéfique, nuit de la terre où le grain est absorbé avant de rejaillir en tiges, en rameaux, en feuilles, creuset où toute chose est remodelée, chaos fécond qui précède la manifestation, la materia mater, la Vierge noire. « 

Remarquons que Jean Prieur ne parle que d’une seule aura , bien qu’il mentionne des effluences, c’est-à-dire des rayonnements plus intenses, autour de certaines parties du corps physique, comme par exemple les doigts chez certains guérisseurs.

Points de vue différents

D’autres auteurs, comme Alain Moreau, créateur du site mondenouveau.fr, affirment que chaque corps subtil émet une aura.

Ce dernier cite, dans son article Le corps éthérique, le corps spirituel et les Plans de conscience, les propos d’Anne Givaudan, qui donne les dimensions de l’aura éthérique (expansion de 2 à 3 cm au-delà du corps physique), de l’aura astrale (environ 1 mètre 50), de l’aura mentale (jusqu’à 2 mètres) et de l’aura causale (2 à 3 mètres).

Anne Givaudan décrit encore une aura de vitalité divine et enfin une aura d’esprit divin.

Alain Moreau observe également que certains auteurs ne distinguent pas le corps subtil de son rayonnement. On trouve ainsi parfois la notion de corps aurique.

Corps, âme, esprit

Ni monisme ni dualisme

Jean Prieur récuse à la fois le point de vue moniste et le point de vue dualiste.

Le monisme matérialiste affirme que seule existe la matière, et que l’esprit n’est qu’un épiphénomène. La conscience n’est que le produit d’un organe matériel, le cerveau.

Quant au monisme idéaliste, fort peu répandu aujourd’hui en occident, il n’admet qu’un seul terme, l’esprit. Il considère ainsi que la matière est illusion : le monde n’est fait que d’images en nous, que nous prenons pour des réalités.

Le dualisme, tentant de concilier ces deux doctrines extrêmes, reconnaît l’existence objective à la fois de l’esprit et de la matière, tout en affirmant le caractère antérieur et supérieur du premier — l’esprit — par rapport à la seconde — la matière —.

Jean Prieur se réclame d’une troisième approche, pour laquelle nous n’avons pas de nom, mais que nous pourrions appeler philosophie trivalente, ou trialiste, car elle repose sur la triade corps – âme – esprit.

Dans cette approche, l’âme est l’ensemble des corps subtils. C’est donc ce que Jean Prieur appelle également le corps métaphysique. L’esprit, quant à lui, est cette  » parcelle divine qui est en nous et qui est nous ; il est désir et moyen d’immortalité « .

L’âme — ou corps métaphysique — selon Jean Prieur

Le corps métaphysique de Jean Prieur n’est pas une fumée, ni une forme plate découpée sur un mur, ce n’est pas qu’une forme. Ce corps est fait de substance et d’organes.

Jean Prieur affirme ainsi :  » Le corps métaphysique possède les mêmes organes que le corps physique. Il a, lui aussi, un cerveau, des yeux, des sens, un cœur « .

Ce corps a également des membres, si bien qu’il peut, certes exceptionnellement, agir sur la matérialité que nous connaissons.

Jean Prieur raconte à ce propos comment Marcelle de Jouvenel,  » au moment précis où, désespérée, elle s’apprêtait à se jeter dans le vide, sentit tout à coup une main très ferme se poser sur son épaule et la retenir « .

Le corps métaphysique est vraiment un corps qui jouit de perceptions et de sensations.

Et l’inconscient dans tout cela ?

Jean Prieur nous rappelle que le vocable inconscient apparaît dans le Dictionnaire de l’Académie en 1878.

Si le matérialisme moniste considère que l’inconscient personnel est une production du cerveau, Jean Prieur affirme par contre que l’inconscient (personnel) réside dans le cerveau métaphysique et dans les centres nerveux du corps métaphysique.

Et il est en relation permanente avec le monde spirituel. Jean Prieur s’appuie ici sur la thèse de Pierre Monnier, ce messager de l’au-delà dont il a fait rééditer toutes les communications dans les Lettres de Pierre, une œuvre que le père François Brune tient en haute estime.

 » Pierre Monnier explique très bien que l’inconscient ne produit pas, mais qu’il reproduit. […] L’inconscient est un canal, ce n’est pas une source ; la source est Ailleurs « .

Et où donc se trouve cette source ? Et bien dans ce réservoir universel où se déversent les inconscients individuels, à la fois ceux des vivants d’aujourd’hui, et ceux des vivants de jadis.

Cette mémoire universelle, qui s’apparente à ce que Jung nommait l’inconscient collectif, est ce que divers courants ésotériques et, à leur suite, le New Age, nomment les annales akashiques.

On notera aussi que Jean Prieur affirme l’existence d’une âme chez l’animal, qu’il soutient la thèse de la survivance animale ainsi que celle de l’existence d’un inconscient collectif animal.

Mais Jean Prieur n’est pas un grand fan de la notion d’inconscient, et pour s’en prendre à ceux qui y voient la source de tous les phénomènes paranormaux, il s’est plu à réécrire une célèbre scène du Malade Imaginaire de Molière :

L’inconscient façon Molière

Toinette. — Quel est votre médium ?

Argan. — Le mage Zarathoustra !

Toinette. — Son nom n’est pas inscrit sur mes tablettes parmi les grands médiums. À quoi attribue-t-il ces phénomènes paranormaux en vous et autour de vous ?

Argan. — Il dit que ce sont les esprits des morts. D’autres disent que ce sont les esprits des vivants.

Toinette. — Ce sont tous des ignorants. C’est des fantaisies de votre inconscient que vous êtes victime.

Argan. — Mon inconscient ?

Toinette. — Oui ! Que sentez-vous ?

Argan. — Je sens de temps en temps des parfums qui n’ont pas une origine terrestre, des parfums qu’on croirait venir du paradis.

Toinette. — Justement, l’inconscient !

Argan. — L’autre jour, ma corbeille à papier s’est enflammée spontanément, sans d’ailleurs mettre le feu à mon bureau.

Toinette. — L’inconscient !

Argan. — J’entends des coups frappés dans les murs, des bruits de pas dans les couloirs et mon entourage les entend aussi. Mes chiens (j’ai trois chiens dans la famille) les ont entendus tout pareillement. J’ai appelé les gendarmes, cela a continué en leur présence.

Toinette. — L’inconscient des gendarmes !

Argan. — Je reçois des jets de pierre, qui d’ailleurs ne me blessent pas. Des vases dégringolent de ma cheminée et ne se cassent pas. Des ampoules électriques sont dévissées et projetées sur le sol sans éclater.

Toinette. — L’inconscient !

[…]

Argan. — Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux et sur ce voile se forment des personnes défuntes de ma famille.

Toinette. — L’inconscient !

Argan. — L’image de mon beau-père décédé est apparue sur l’écran de mon téléviseur. J’ai appelé des voisins pour constater.

Toinette. — L’inconscient du téléviseur, pardon… des voisins.

Argan. — J’ai quelquefois l’impression de me détacher de mon corps… Je me dirige en des lieux que j’ignore, mais que je reconnais par la suite quand je m’y rends physiquement.

Toinette. — L’inconscient !

Argan. — Et quelquefois il me prend des envies d’écrire comme si une entité s’emparait de ma main. Je compose alors des textes de philosophie, de théologie et de science auxquels je ne comprends rien. Il faut vous dire que je n’ai pas fait d’études.

Toinette. — L’inconscient ! Vous recevez donc des messages sur des sujets que vous ignorez et qui se révèlent exactes…

Argan. — Oui, Madame.

Toinette. — Vous captez sans doute aussi sur magnétophone des voix qui s’expriment en des langues diverses.

Argan. — Oui, Madame, mais je n’en connais aucune.

Toinette. — Souvent, il s’agit d’allemand, d’italien, de latin même…

Argan. — Oui, Madame.

Toinette. — Ce qui vous oblige à recourir au dictionnaire.

Argan. — Oui, Madame.

Toinette. — Quand ces voix consentent à parler français, vous dialoguez avec elles.

Argan. — Oui, Madame.

Toinette. — Et elles vous répondent intelligiblement, elles expriment des désirs, elles font des prédictions qui se réalisent.

Argan. — Oui, Madame.

Toinette. — L’inconscient, l’inconscient, vous dis-je ! C’est votre inconscient qui impressionne la bande magnétique.


Fin de la première partie de cette chronique !

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