Mort ou pas ? (suite) Les réponses de Van Lommel
Voici la suite de ma chronique du fameux ouvrage du cardiologue néerlandais Pim Van Lommel.
Consacré aux dernières découvertes médicales sur les EMI — Expériences de Mort Imminente, l’ouvrage porte un titre accrocheur :
Mort ou pas ?
Si vous n’avez pas pris connaissance de la première partie de ma chronique, vous avez tout loisir de la lire en cliquant ici.
Vivre après une expérience de mort imminente
Diverses études ont été conduites, nous informe Pim Van Lommel, dans les vint-cinq dernières années, sur les changements souvent profonds vécus par les personnes ayant traversé une EMI.
Ces études, bien que fort intéressantes, présentent néanmoins le défaut intrinsèque d’être des études rétrospectives.
Études rétrospectives ou prospectives ?
Pour étudier les données empiriques, nous dit Pim Van Lommel, il existe deux approches :
- L’approche rétrospective
- L’approche prospective
Dans la première approche, on interroge des personnes qui se sont portées volontaires pour répondre aux enquêteurs, dont le recrutement a été fait par voie d’annonces (via des articles de presse, des émisssions de radio ou télévision, des conférences ou sur internet).
Nous ignorons pourquoi certaines personnes se sont portées volontaires et d’autres non. Ces dernières ont peut-être peur, préfèrent ne pas témoigner ou ne sont pas au courant de l’étude en cours.
Les résultats d’une étude rétrospective ne sont donc pas totalement fiables, à la différence de ceux d’une étude prospective.
Dans une étude prospective, nous informe Pim, les enquêteurs » rencontrent tous leurs patients présentant un diagnostic prédéfini dans les quelques jours suivant leur coma ou arrêt cardiaque, pour leur demander s’ils ont des souvenirs de leur période d’inconscience. «
Cela permet de recueillir précisément les données médicales et autres de tous les sujets concernés (dans un périmètre donné), ce qui donne à ce type d’étude une bien plus grande valeur.
L’étude prospective est dite de plus longitudinale si elle s’étend sur une longue période de temps, généralement plusieurs années.
L’étude prospective sur la vie post-EMI de Pim Van Lommel
Pim nous informe que l’enquête qu’il a menée avec son équipe hollandaise est la seule étude prospective longitudinale réalisée à ce jour — au moment de la rédaction du livre — sur les processus de transformation post-EMI.
Cette étude a comparé des sujets ayant traversé une EMI à des sujets — correspondant en termes d’âge et de sexe — ayant survécu à un arrêt cardiaque sans EMI.
Facteurs influant sur la transformation post-EMI
Les transformations après une EMI varient d’une personne à l’autre.
Les facteurs qui peuvent être à l’origine de ces différences dans la transformation d’un sujet suite à une EMI sont les suivants :
- Personnalité du sujet avant l’EMI (introverti, extraverti, joyeux, maussade…)
- Origine culturelle et spirituelle du sujet
- Circonstances dans lesquelles l’EMI s’est produite et leurs séquelles : accident de voiture avec rééducation prolongée, hémorragie cérébrale entraînant une paralysie…
- Réaction des professionnels de santé et de l’entourage du sujet.
Panorama des différents changements
Pim Van Lommel nous présente un tableau des changements qu’il a recensés à partir de :
- Huit ouvrages spécifiques de chercheurs sur les EMI et leurs conséquences
- Plusieurs études médicales spécialisées (dont il fournit les références)
- Les conversations qu’il a eues avec les centaines de personnes ayant vécu une EMI qu’il a interrogées.
Comme nous allons le voir, certains changements peuvent paraître étranges.
1. Acceptation de soi et modification de l’image de soi
Selon Pim, le fait que les EMI comportent des aspects transpersonnels — c’est-à-dire qui transcendent la personne — permet au sujet de changer le regard qu’il porte sur lui-même et d’être moins dépendant du regard des autres.
Il souligne également que les sujets d’une EMI ressentent presque tous le besoin urgent d’en parler et d’être entendus. C’est ainsi que, si le sujet est confronté à un entourage fermé ou sceptique, muré dans des préjugés, le processus d’acceptation de soi par le sujet peut être fortement ralenti voire bloqué.
Il n’existe que quelques exceptions de sujets qui préfèrent intégrer leur expérience en silence.
2. Compassion pour autrui
Toute d’agressivité, constate Pim, a généralement disparu, remplacée par le besoin d’aider et de soutenir les autres. Cela se traduit généralement par un changement d’orientation professionnelle ou une implication dans des organisations caritatives et des causes sociales.
Les sujets d’une EMI accordent beaucoup plus d’importance à l’amour inconditionnel.
» C’est devenu tellement évident, maintenant, que mon EMI a transformé mes émotions envers la vie et ma vie émotionnelle. Tout ce que je fais a pour but de revivre et de diffuser cette sensation d’Amour. «
3. Valorisation de la vie
Une expérience de mort imminente modifie considérablement ce que les personnes considèrent comme le but de la vie.
Elles regardent la vie sans parti pris, se laissent moins restreindre par les conventions sociales, goûtent chaque moment et les petites choses du quotidien, sourient facilement tout en étant plus sérieuses.
4. Absence de peur de la mort et croyance en la survivance
Selon les études chiffrées mentionnées par Pim, la peur de le mort disparaît presque à 100% (je veux dire chez presque 100% des sujets ayant vécu une EMI) mais, curieusement, le chiffre est un peu inférieur concernant la croyance en la survivance.
En effet, chez un petit nombre de sujets interrogés, leur EMI ne leur a pas apporté la croyance en une vie après la mort.
Le cas le plus fréquent est toutefois la certitude de la vie après la mort et l’absence de peur, comme le montre l’histoire suivante dont témoigne Pim Van Lommel celle d’un patient de quatre-vingt-deux ans ayant eu un grave infarctus et un arrêt du coeur dont la réanimation l’avait sauvé, après une EMI très profonde.
» Cet homme allait mourir, puisque sa respiration courte ne réagissait plus aux larges quantités de médicaments qui lui étaient administrées. Normalement, médecins et infirmières préfèrent se tenir à distance de la chambre d’un mourant. Une fois le traitement terminé, ils ne peuvent plus rien faire. Mais ce cas-là était très différent.[…]
Il savait qu’il était mourant. Et pourtant il paraissait radieux, malgré sa respiration laborieuse. On entendait en permanence de la musique classique venant de sa chambre où se succédaient du matin au soir infirmières, membres de la famille et autres patients. Tous, il s’efforçait de les aider. Il était toujours d’excellente humeur, c’était une vraie joie de se trouver en sa présence.
Et c’est exactement comme cela qu’il est parti : affable, joyeux et à l’écoute de ceux qui l’entouraient. Mort, il reposait dans son lit avec un large sourire sur le visage. «
5. Déclin de l’appartenance à une religion, associé à un plus fort sentiment religieux
D’une manière générale, le sentiment religieux augmente après une EMI, tandis que l’intérêt pour une religion donnée diminue considérablement.
» J’éprouve des sentiments religieux très forts maintenant. Je ne « crois » plus en Dieu, j’en suis absolument certain. Mais cela n’a absolument rien à voir avec l’Église. «
Une expérience de mort imminente peut donner à un sujet l’impression d’avoir un lien spécial avec Dieu :
» J’ai maintenant un lien beaucoup, beaucoup plus fort avec Dieu. Je le vois et je le ressens comme la plus grande force de ma vie. Il est entré dans ma vie sans y être invité, mais je l’ai accueilli. «
Il arrive que des sujets se ressentent comme particulièrement importants, sauvés, élus suite à une EMI, et investis d’une mission de transmission du sens profondément religieux de leur expérience. Cette sorte de prosélytisme suscite de fortes résistances dans leur entourage.
6. Une plus grande spiritualité
Une EMI peut donner le sentiment que l’ancien moi est mort et qu’une nouvelle personne est née.
Les sujets montrent un intérêt accru pour la spiritualité, la médiatation, la prière et l’abandon.
7. Changements physiques
Les EMI provoquent des transformations sur le plan psychologique, mais peuvent en provoquer aussi sur le plan physique :
- Hypersensibilité aux lumières vives, notamment celle du soleil.
- Sensibilité accrue aux impressions sensorielles, ces impressions pouvant parfois se mélanger.
- Changement de rythmes métaboliques
- Interaction avec des appareils électriques :
» Autre bizarrerie, après mon EMI tous les appareils que je touchais, lampe, machine à laver la vaisselle, bouilloire électrique, se cassaient. Je diffusais de l’énergie partout. «
Il y a aussi des cas de guérison iexpliquée après une EMI.
8. Sensibilité intuitive accrue
Un changemement que les rescapés d’EMI ne mentionnent pas toujours volontiers est l’accroissement parfois considérable de leur sensibilité intuitive.
Les nouvelles capacités extrasensorielles de certains sujets leur posent souvent des difficultés car, soudainement aux prises avec une masse d’informations dont ils ne savent que faire, ils se sentent facilement submergés.
» Quand j’ai commencé à me sentir mieux, j’avais des capacités paranormales tellement incroyables que c’en était effrayant. «
Difficultés psychologiques consécutives aux EMI
L’une des études analysées par Pim Van Lomme est celle de Cherie Sutherland publiée dans son ouvrage Transformed by the light : Life after Near-death experiences.
Cette étude révèle qu’il est généralement très difficile pour une personne de parler de parler de son EMI.
Quand une personne tente de parler de son EMI :
- 50% des membres de sa famille et 25% de ses amis refusent le dialogue
- 30% du personnel infirmier, 50% des psychiatres et 85% des médecins réagissent négativement.
Les difficultés psychologiques qui s’ensuivent chez les sujets ayant vécu une EMI sont les suivantes :
- Sentiment d’exclusion ou de mise à l’écart
- Peur d’être raillé(e) ou rejeté(e)
- Conflits avec la famille à propos de changements considérés comme « la mort sociale de l’ancienne personnalité »
Les sujets éprouvent aussi des difficultés à :
- concilier ses changements intérieurs avec les attentes des amis et de la famille
- maintenir les anciens schémas, qui ont perdu leur sens
- accepter les limites et les insuffisances des relations humaines, après avoir ressenti l’amour inconditionnel pendant l’EMI
- concilier les leçons de l’EMI avec les anciennes croyances religieuses ou philosophiques
Il est également difficile pour les sujets de conserver une relation harmonieuse avec leur conjoint.
Certains se trouvent dans une colère permanente, d’autres doivent affronter une période d’intense solitude, ponctuée d’accès dépressifs. La chercheuse Nancy Evans Bush a relevé un taux de divorce allant jusqu’à 75%.
» Je devais trouver ma place dans le monde, mais comment ? Je me sentais si vulnérable. Pendant des années je ne me supportais plus. Pendant longtemps je n’ai pris plaisir à rien et j’ai souffert des vicissitudes de l’existence. «
Les expériences de mort imminente chez les enfants
La recherche scientifique
La première étude systématique a été conduite à l’hôpital pour enfants de Seattle, par le pédiatre Melvin Morse.
Merci à Melvin Morse
L’étude du Dr Morse a porté sur 121 enfants hospitalisés pour une maladie grave et a duré dix ans. Sur douze enfants ayant survécu à un coma ou à un arrêt cardiaque, huit ont rapporté une EMI.
Le travail de Melvin Morse a montré que les enfants ne vivent une EMI que quand leur vie est réellement en danger, à la différence des adultes. Ceux-ci en effet, peuvent déclencher une EMI par la simple peur d’une mort immédiate.
Phyllis M.H. Atwater est une autre chercheuse américaine qui étudié les EMI des enfants pendant de nombreuses années.
Selon elle, les enfants peuvent avoir une EMI à n’importe quel âge. Elle a rapporté des cas de très jeunes enfants qui ont dessiné leur expérience, ou qui l’ont racontée à leurs parents, sitôt capables de parler.
Quelles sont les causes possibles d’une EMI chez l’enfant ?
Pim Van Lommel affirme que les causes d’EMI les plus fréquentes chez l’enfant sont :
- le début de noyade
- le coma après accident de voiture avec traumatisme cranien.
Les autres causes possibles énumérées par Pim sont les suivantes :
- coma provoqué par le diabète ou une inflammation du cerveau
- arrêt cardiaque dû à une arythmie sévère
- début d’asphyxie pendant une crise d’asthme
- diphtérie
- dystrophie musculaire
- électrocution
Une EMI d’enfant est semblable à celle d’un adulte ?
La réponse est oui : le contenu des EMI d’enfants, nous dit Pim, est fort semblable à celui des EMI d’adultes.
Phyllis Atwater a même constaté que les enfants peuvent, tout comme les adultes, vivre une EMI terrifiante. Cela concerne 3% d’entre eux.
Une différence avec les adultes réside dans le fait que les enfants de moins de six ans ne parlent pas d’avoir vu défiler le film de leur vie, mais à partir de l’âge de six ans, cela arrive.
Les enfants mentionnent par ailleurs des rencontres avec leurs animaux de compagnie morts, plus souvent que les adultes.
Comment vit un enfant après une EMI ?
Les recherches de Phyllis Atwater et Melvin Morse montrent que les enfants sont profondément influencés par leur EMI.
Néanmoins, n’ayant pas eu le temps d’être endoctrinés par la culture dominante, les enfants n’ont pas à abandonner de vieilles croyances, à la différence de nous autres, adultes.
Ceci ne leur évite pourtant pas de vivre, eux aussi, un sentiment de perte fondamental — perte de la beauté et de la paix qu’ils ont vécu pendant l’EMI.
Pim Van Lommel nous informe qu’au moment de l’adolescence, un tiers environ de ces enfants va avoir des problèmes d’alcool ou de drogue. Certains tombent en dépression et développent des tendances suicidaires.
Ceux qui s’adaptent à la vie choisissent souvent d’étudier la philosophie, la théologie ou la physique, et travaillent dans le secteur médical, ou dans l’aide sociale, ou dans un domaine qui leur permette d’utiliser leur forte faculté d’intuition.
Soulignons aussi qu’il arrive qu’un enfant attende… trente à cinquante ans, avant de relater son EMI !
Interlude : deux rapports médicaux d’EMI au XIXe siècle
Brierre de Boismont
Pim Van Lommel cite dans son ouvrage le cas suivant, rencontré par le Dr Brierre de Boismont, en 1859 : une femme en plein délire semble soudain mourir, puis revient à la vie.
» Mais au lieu de remercier les personnes qui avaient fait tant d’efforts pour la ramener à la vie, elle s’est plaint qu’ils aient rappelé son âme d’un état de repos et de bonheur indescriptibles tel qu’il n’était pas permis d’en jouir dans cette vie. […] Elle ajouta qu’elle avait entendu les soupirs et lamentations de son père, et tout ce qui avait été dit concernant ses propres funérailles. «
On notera que le bon docteur Alexandre-Jacques-François Brière de Boismont avait donné à son ouvrage un titre dont la longueur faisait honneur à celle de son propre nom :
Des Hallucinations — Ou Histoire Raisonnée Des Apparitions, Des Visions, Des Songes, de l’Extase, Des Rêves, Du Magnétisme Et Du Somnambulisme
L’ouvrage a été réédité chez Forgotten Books en mai 2018 :
Sachez que si vous appréciez les ouvrages d’époque et que vous souhaitez consulter l’édition originale, vous pouvez la consulter ici.
Frederic Myers
Le second rapport médical que présente Pim est issu d’une étude publiée en 1892 par Frederic Myers, personnalité du monde de la parapsychologie de l’époque.
Un patient — par ailleurs lui-même docteur — semblait avoir succombé à la fièvre typhoïde. Son médecin avait déclaré en toute bonne foi :
“ Il était effectivement aussi complètement mort que j’aie jamais considéré quelqu’un comme mort. “
Il n’avait aucun pouls, rapporte Frederic Myers, aucun battement de coeur perceptible et ne respirait plus. Néanmoins, ce patient/docteur eut :
» La sensation très vive et complexe de quitter son corps et de le voir, ainsi que les actions des gens présents dans la pièce. Il est allé dans un endroit de grande beauté où il a senti une présence et a vu le visage d’une personne non identifiée qui irradiait beaucoup d’amour. Il a aussi vu un nuage sombre et un chemin obscur. Il semble qu’on lui ait donné le choix de partir ou de rester, mais quand il a choisi de rester et tenté de franchir une apparente frontière, il a été empêché de continuer et s’est retrouvé dans son corps. «
La recherche scientifique sur les EMI
Depuis l’ouvrage de l’ouvrage pionnier d’Elisabeth Kübler-Ross, Les derniers instants de la vie, paru en 1969, et surtout depuis le livre de Raymond Moody La vie après la vie paru en 1975, quantité de récits ont été publiés sur les expériences de mort imminente, mais peu d’entre eux ont un caractère scientifique, nous dit Pim Van Lommel.
Première étude systématique
La première étude systématique des cas de personnes ayant réellement failli mourir, est bien antérieure aux deux ouvrages de Kübler-Ross et Moody.
Elle figure en effet dans une étude publiée… en 1892, dans l’Almanach du club alpin suisse. Portant le nom de » Remarques sur des chutes fatales « , cette étude recense trente cas rapportés personnellement à son auteur, le géologue Albert Heim.
Albert Heim précise dans la conclusion de son étude que les personnes proches de la mort ou considérées comme mortes disaient » ne ressentir aucun chagrin, ni cette peur paralysante qui peut intervenir dans des situations de moindre danger. […]
» Aucune angoisse, aucune trace de désespoir, aucune douleur, mais plutôt mais plutôt une gravité sereine, une acceptation profonde, accompagnées d’une grande vivacité d’esprit et d’un intense sentiment de sécurité. «
Ces observations de A. Heim corroborent les affirmations de Georges Barbarin dans son ouvrage Le livre de la mort douce, que j’évoque dans ma chronique Les morts nous parlent.
Que nous révèlent les études réalisées depuis 1975 ?
Entre 1975 et 2005 — soit sur une période de trente ans —, quarante-deux études sur des patients ayant eu une EMI, nous dit Pim Van Lommel, ont été publiées dans des journaux scientifiques ou sous forme de monographies.
Ces diverses études ont montré que les EMI peuvent se produire chez toutes sortes d’individus.
Aucun lien n’a été trouvé entre la survenue d’une EMI et les facteurs suivants : classe sociale, race, sexe, niveau d’éducation, profession, lieu de vie, religion, situation de famille.
Seul l’âge semble faire une différence : plus une personne est jeune, plus elle a de chances de vivre une EMI.
Voyons maintenant, en compagnie de Pim, les hypothèses en cours sur les causes des EMI :
Théories sur les causes et le contenu des EMI
Une théorie qui voudrait expliquer les causes et définir leur nature particulière devra, selon Pim Van Lommel :
- Admettre les éléments empiriquements démontrés, même quand ils ne cadrent pas avec les conceptions généralement admises ;
- Établir un lien entre les EMI et les circonstances dans lesquelles elles se produisent ;
- Déterminer la nature des EMI sur la base de différences et de similitudes avec des phénomènes de nature voisine.
Théories physiologiques
Le manque d’oxygène
L’explication la plus courante des EMI selon les tenants du modèle matérialiste est que les EMI sont dues à une oxygénation insuffisante du cerveau. Les encorphines qui sont alors libérées par le corps provoquent des hallucinations combinées à une sensation de paix, de béatitude.
Cette explication est réfutée de la manière suivante par Pim :
- Les hallucinations sont des visions sans ancrage dans la réalité, alors que les EMI s’accompagnent toujours d’une conscience lucide, les descriptions par le sujet de la salle d’opération étant corroborées par des témoins.
- Comment des hallucinations pourraient-elles se produire quand le cerveau ne fonctionne pas, ce qui est le cas dans une mort clinique ?
- Il existe des EMI dans des circonstances — telles que l’imminence d’un accident de voiture ou une dépression — où il n’y a pas de déficit d’oxygénation du cerveau.
L’excès de dioxyde de carbone
Le manque d’oxygène s’accompagne d’une hausse du taux de dioxyde de carbone (CO2 ) dans le sang, ce qui a été envisagé comme cause possible d’EMI.
Une étude à ce propos a été publiée en 2010 dans la revue médicale Critical Care. Pim Van Lommel nous informe que les médias grand public ont déformé les conclusions des chercheurs en prétendant que l’étude avait prouvé que les EMI sont dues à un taux élevé de dioxyde de carbone.
En fait les auteurs de l’étude avaient écrit :
» Il n’est cependant pas possible d’expliquer des EMI seulement en termes de processus physiologiques. […] La fiabilité et la pertinence clinique de nos résultats devraient faire l’objet d’études approfondies « .
Les réactions chimiques dans le cerveau
La kétamine
L’hypothèse que la kétamine, substance autrefois utilisée comme anesthésique, puisse être à l’origine des EMI a été abandonnée.
Mais, nous dit Pim, on ne peut pas écarter la possibilité que dans certains cas le blocage ou le mauvais fonctionnement des récepteurs NMDA puissent jouer un rôle dans le déclenchement d’une EMI.
Les endorphines
Le fait que le stress libère des endorphines — qui peuvent éliminer la douleur et provoquer un sentiment de bien-être et de paix — a été l’une des premières tentatives d’explication des EMI. Mais les effets des endorphines, nous informe Pim, durent plusieurs heures, alors que l’absence de douleur et le sentiment de paix des EMI disparaissent immédiatement après le retour à la conscience.
Les drogues psychédéliques (DMT, LSD, psilocybine et mescaline)
Le DMT — diméthyltryptamine — est une substance psychoactive naturellement produite par l’organisme, dans la glande pinéale (ou épiphyse).
Pim nous informe que les expériences provoquées par les substances psychoactives sont étonnamment semblables aux EMI, surtout dans le cas du DMT :
- sentiment de détachement par rapport au corps et épisodes de décorporation
- pensée lucide et accélérée
- rencontre avec un être de lumière
- sentiment d’un amour inconditionnel
- sensation de se trouver dans un environnement irréel
- accès à une sagesse profonde
- communication muette avec des êtres immatériels.
D’où l’hypothèse nouvelle et surprenante, nous dit Pim, que le DMT naturellement produit par l’organisme pourrait jouer un rôle important dans l’élargissement de la conscience pendant l’EMI.
L’activité électrique du cerveau
Épilepsie
Certains chercheurs ont émis l’hypothèse d’un lien entre EMI et crise épileptique des lobes temporaux du cerveau. Mais une étude approfondie de patients épileptiques a montré que les éléments caractéristiques des EMI sont rarement mentionnés après une crise épileptique du lobe temporal.
Et, comme nous le dit Pim, inutile de préciser que l’épilepsie du lobe temporal ne saurait expliquer une EMI délcenchée par la peur, la dépression ou l’isolement.
Stimulation électrique
L’hypothèse, avancée par certains chercheurs, selon laquelle la stimulation électrique ou magnétique du lobe temporal ou pariétal peut déclencher une décorporation est réfutée par Pim Van Lommel :
- Les expériences du neurochirurgien Wilder Penfield n’ont provoqué des débuts de décorporation, jamais de décorporation complète avec perceptions vérifiables, à la différence des EMI.
- Les articles du neurologue Olaf Blanke décrivent des décoporations incomplètes — c’est-à-dire sans perception depuis le plafond d’éléments vérifiables — et des visions par des patients de leur double depuis leur propre corps, qui ne sont donc pas la même chose que les véritables perceptions de ce qui se déroule en salle d’opération dans un cas d’EMI.
- Les témoignages rapportés lors des expérimentations du neuropsychologue Michael Persinger n’ont qu’une vague ressemblance avec des EMI.
La conclusion de Pim Van Lommel sur les théories physiologiques
Ces théories sont presque toutes (sauf celle sur la sécrétion de DMT) incapables d’offrir une explication adéquate des EMI.
En effet :
- Il n’y a pas de preuve suffisante du rôle dans les EMI des causes physiologiques évoquées
- Les effets observés ne correpondent pas tout à fait aux éléments caractéristiques des EMI, à savoir la décorporation avec perceptions vérifiables, la vision du film de la vie et la rencontre avec des personnes décédées.
Théories psychologiques
Les attentes
Le contenu des EMI correspond-il aux attentes préalables ou espérances du sujet concernant la mort ?
Réponse de Pim : NON.
» Dans un grand nombre de cas, le contenu d’une EMI ne correspond pas aux attentes préalables des sujets concernant la mort. Leurs expériences sont identiques, qu’ils voient la mort comme la fin de tout, ou qu’ils croient à la vie après la mort. «
» Les enfants racontent les mêmes choses que les adultes. «
Pim ajoute que le fait d’avoir déjà entendu parler des EMI n’affecte pas le contenu ni n’en augmente l’occurrence.
La dépersonnalisation
La dépersonnalisation est souvent accompagnée d’émotions déplaisantes — peur, panique ou sensation de vide — et aucune décorporation n’est jamais rapportée ; de plus la dépersonnalisation est particulièrement courante chez les femmes jeunes.
Il est clair que tout ceci ne correspond pas aux EMI.
La dissociation
» Pas plus que la dépersonnalisation, la dissociation ne peut expliquer les EMI dans les cas où la vie des sujets n’est pas menacée. «
Facteurs liés à la personnalité
Certains traits de personnalité favoriseraient-ils les EMI ?
Réponse de Pim :
» D’une manière générale, les EMI chez des gens mentalement équilibrés qui fonctionnent normalement au quotidien et qui, sauf par l’âge, ne diffèrent en rien des membres des groupes de contrôle n’ayant pas eu d’EMI. »
Fantasmes, imagination, mystification
Les personnes ayant eu une EMI sont-elles plus enclines à fantasmer que d’autres ? Réponse de Pim :
» Cela n’a jamais été prouvé. «
Les EMI sont-elles construites à partir de faux souvenirs ? Sont-elles même de simples inventions ?
Pim : Cette idée » est réfuté par la similitude des récits recueillis dans me monde entier. «
Raconter une EMI, est-ce mentir délibérément pour berner les naïfs, abuser de leur crédulité ?
Pim : Ce genre de soupçon se dissipe immédiatement face aux personnes qui relatent une EMI » à cause de leur émotion évidente et de leurs difficultés à trouver les mots justes pour décrire leur expérience. «
Le fait que quand les sujets en parlent, c’est souvent après plusieurs années, avec réticence et à quelques amis seulement, plaide aussi contre l’hypothèse de la mystification.
Souvenir de la naissance
Il a été suggéré en raison du tunnel qu’une EMI serait un souvenir de la naissance.
Réfutation apportée par Pim :
» Les EMI ne comportent pas toujours de passage dans un tunnel, et quand elles en comportent un, il est aussi bien rapporté par des sujets nés par césarienne que par des sujets venus au monde par les voies naturelles. «
Hallucination
Il a souvent été affirmé que les EMI sont des hallucinations.
Or les hallucinations :
- sont des images très personnelles et ne contiennent pas d’éléments universels
- s’accompagnent d’une activité accrue d’un certain nombre d’aires cérébrales
- sont rarement suivies de transformations positives chez la personne
- sont souvent associées aux schizophrénies et psychoses, aux migraines, à l’usage de drogues, au sevrage d’alcool
- ne sont pas cohérentes avec la réalité.
Sur chacun de ces points, les hallucinations se distinguent des EMI.
» Enfin, note Pim, les personnes qui ont vécu les deux expériences, EMI et hallucinations, disent que leurs contenus sont extrêmement différents. «
Rêves
Les EMI pourraient-elles être des sortes de rêves ?
Pim affirme que s’il y a des smilitudes entre EMI et rêves, surtout les rêves lucides — absence de temps et de distance, visions du futur, visions de défunts —, il y a une différence fondamentale :
Les EMI sont vécues dans des moments où toute activité cérébrale a cessé, alors que les rêves se produisent généralement pendant une phase de sommeil paradoxal où le cerveau manifeste une forte activité.
Illusions provoquées par des médicaments
Les EMI sont-elles des illusions provoquées par la morphine ou autres analgésiques puissants ?
Pim répond que nombre de personnes vivent des EMI alors qu’elles n’ont pris aucun substance de ce type.
Inversement, certaines fortes doses de médicaments empêcheraient-elles des sujets de se souvenir de leur EMI ?
Réponse : » Ce n’est pas très probable, car certains patients ont eu des EMI pendant une opération ou un coma, alors qu’ils étaient sous sédatifs puissants. «
Les conclusions de Pim Van Lommel sur les théories en présence
Toute une gamme d’explications différentes ont été avancées pour expliquer les différents éléments d’une EMI.
Les facteurs psychologiques et physiologiques exposés pourraient tous, estime Pim, à des degrés divers, jouer un rôle dans une EMI, mais ils ne peuvent expliquer une EMI dans son ensemble.
Cette approche multiple, qui propose des explications séparées pour les divers éléments constitutifs d’une EMI, est peut-être la seule qui nous soit possible aujourd’hui. Cela ne nous surprendra guère si l’on considère la fragmentation actuelle du savoir : il existe surtout des spécialistes de tel ou tel domaine, mais extrêmement rares sont les personnes disposant d’une connaissance d’ensemble de l’Homme et de la Vie.
Peut-être une théorie rendant compte de toute la complexité d’une EMI est-elle impossible à ce jour.
Nombreuses sont les questions qui restent sans réponse. Dans le but de tenter de répondre à ces questions et pallier les insuffisances des études réalisées auparavant, un groupe de chercheurs coordonnés par Pim Van Lommel a lancé une étude scientifique propective complète des causes et contenus de l’expérience de mort imminente.
Cette étude, commencée en 1988, s’est achevée par la publication de ses résultats dans la revue médicale The Lancet en 2001. Elle a suscité un vif intérêt dans le monde entier.
Nous en parlerons dans la troisième partie de cette chronique.
Comme vous le voyez, l’ouvrage Mort ou pas ? étant particulièrement riche et dense, j’ai choisi d’en présenter une chronique très détaillée, en plusieurs parties.
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À très vite pour la troisième partie, dans quelques jours !