Chronique : Mort ou pas ? La réponse d’un cardiologue
Pour cette 5ème chronique de mon challenge, je vous propose l’ouvrage suivant du Dr Pim Van Lommel, cardiologue néerlandais né en 1943 :
Comme l’indique son sous-titre, cet ouvrage est consacré aux dernières découvertes médicales sur les E.M.I — les Expériences de Mort Imminente.
Les Expériences de Mort Imminente
Publié pour la première fois en France en 2012, cet ouvrage a d’abord été publié aux Pays-Bas en 2007.
Il est préfacé par le Dr Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur.
Dans sa préface, J-J Charbonier nous indique que plutôt que de parler d’Expérience de Mort Imminente, il serait plus exact, d’un point de vue sémantique, de parler d’Expérience de Mort Provisoire : E.M.P.
Les sujets qui vivent une E.M.I., nous dit-il en effet, sont en état de mort clinique, qui est une véritable mort, mais provisoire.
Toutes les personnes réanimées après un arrêt cardiorespiratoire sont bien revenues d’une mort clinique.
Le Dr Charbonier a émis l’hypothèse d’une conscience intuitive, indépendante du cerveau droit car indépendante du cerveau tout court !
Son hypothèse rejoint celle du Dr Pim Van Lommel, qui considère que le cerveau agit comme un émetteur-récepteur d’une conscience délocalisée à l’extérieur du corps.
Pim Van Lommel : ses premières recherches
En 1969, Pim Van Lommel, alors jeune médecin, commence sa spécialisation en cardiologie. A l’époque, il ne s’intéresse pas du tout aux expériences de mort imminente ; d’ailleurs, le terme n’existe pas encore. Des cas ont été rapportés dans la littérature, mais le jeune Pim n’en a certainement jamais entendu parler.
Plusieurs années plus tard, Pim tombe sur un ouvrage intitulé Retour de l’au-delà, d’un certain George Ritchie. Nous sommes en 1986, mais le livre de Ritchie est sorti en librairie depuis longtemps déjà, en 1978.
Le livre de Ritchie pique soudainement la curiosité de Pim, qui se met à interroger systématiquement les patients réanimés qu’il voit à la clinique.
Il est fortement surpris car en l’espace de deux ans, sur une cinquantaine de cas de patients revenus à la vie après un arrêt cardiaque, douze récits d’EMI sont rapportés.
Les questions de Pim Van Lommel
Les questions abordées dans le livre seront notamment les suivantes :
- Où suis-je quand je dors ? Puis-je avoir conscience de quelque chose pendant mon sommeil ?
- Comment certains patients sous anesthésie générale peuvent-ils décrire exactement ce qu’il s’est passé pendant leur opération ?
- Peut-on parler de conscience d’une personne qui se trouve dans le coma, en particulier dans un coma dépassé ?
- Le coma dépassé est-il équivalent à la mort ?
- Comment un sujet en mort clinique peut-il faire preuve d’une conscience exceptionnellement lucide ?
- Y a-t-il encore une conscience chez une personne dont la mort est confirmée et le corps refroidi ?
Comment se caractérise une EMI ?
Voyons d’abord dans quelles circonstances les EMI surviennent.
Elles ne surviennent pas seulement lors d’un arrêt cardiorespiratoire, mais peuvent survenir dans d’autres circonstances.
Circonstances favorables
Parmi les autres circonstances possibles, on trouve les suivantes :
- Les lésions cérébrales
- Les comas consécutifs aux accidents de la route
- Les hémorragies cérébrales
- Les pertes de conscience à la suite d’un choc (hypotension) provoqué par une importante perte de sang pendant un accouchement ou à la suite de complications survenues dans une opération
- Maladies graves mais non mortelles provoquant de fortes fièvres.
On trouve aussi des cas d’EMI vécues par des personnes sauvées d’une noyade ou d’une asphyxie.
Pim Van Lommel affirme également que des EMI peuvent survenir chez des personnes ayant cru leur mort inévitable lors d’un accident imminent de voiture ou d’alpinisme, donc sans cause médicale apparente.
Fréquence des EMI
Pim Van Lommel écrit qu’on peut estimer les EMI survenues dans les cinquante dernières années — je rappelle ici que l’ouvrage a été écrit en 2007 — à plus de 25 millions dans le monde.
Il cite deux études, l’une aux Etats-Unis et l’autre en Allemagne, selon lesquelles environ 4,2% de la population a fait état d’une EMI.
Pim précise aussi qu’il est probable qu’un grand nombre d’EMI dans les hôpitaux ait été gardé sous silence par les patients, ceux-ci sachant l’incrédulité dont fait preuve le corps médical.
Classification des EMI
Le premier livre notoire sur les EMI est celui du psychiatre Raymond Moody, La vie après la vie.
La classification initiale de R. Moody : 12 éléments
Dans son ouvrage publié en 1975, le Dr Moody recense douze éléments caractéristiques des EMI, en précisant que tous ne se rencontrent pas systématiquement dans chaque cas d’EMI, et que l’ordre qu’il indique n’est pas toujours le même d’un cas à l’autre. Pour en savoir davantage, ma chronique de cet ouvrage fondateur est ici : La Vie après la vie – Connaître ses classiques sur l’au-delà
Une autre classification a été proposée plus tard, en 1980, par Kenneth Ring, professeur de psychologie.
Les cinq phases des EMI selon Kenneth Ring
Ring reconnaît que ses observations sont remarquablement similaires à celles de R. Moody, mais estime qu’il est plus éclairant de penser l’expérience comme une succession de cinq phases — qui là encore ne sont nécessairement toutes présentes :
- La phase affective des impressions de paix absolue, de calme, de lâcher prise, de félicité.
- La sortie de corps
- L’arrivée dans un lieu obscur, généralement paisible
- La traversée d’un tunnel, vers une lumière exceptionnellement claire, sans être aveuglante, qui irradie un amour et une acceptation inconditionnels.
- L’entrée dans une dimension autre, surnaturelle, d’une incroyable beauté.
Les trois catégories d’EMI selon Michael Sabom
Michael Sabom, cardiologue naguère extrêmement sceptique, a repertorié les EMI de ses patients en trois catégories, dans son livre publié en 1982.
- Les décorporations
- La decription d’objets et d’événements qui transcendent la réalité terrestre
- Les expériences de sujets qui racontent une combinaison des deux premières catégories
Les quatre composantes selon Bruce Greyson
Bruce Greyson, professeur émérite de psychiatrie et de sciences neurocomportementales, a répertorié, dans une étude publiée en 1983, un total de quatre-vingt caractéristiques des EMI, dont seize éléments constitutifs répartis en quatre composantes :
- La composante cognitive :
- Perte de la notion du temps
- Accélération du rythme de la pensée
- Vision du film de la vie et de l’avenir
- Accès à la connaissance universelle
- La composante affective :
- Sensation de paix et d’unité cosmique
- Joie
- Perception d’une lumière brillante non aveuglante ou pénétration dans cette lumière
- Le côté paranormal :
- Eventuelles capacités visuelles et auditives hyperfines
- Expérience consciente d’événements se produisant au loin
- Prémonitions, visions prophétiques
- Décorporation
- La composante transcendantale :
- Arrivée dans un monde surnaturel
- Vision de défunts ou de personnages religieux et communication avec eux
Revenons en détail à la classification initiale de Raymond Moody en 12 points.
Pim Van Lommel nous répète que c’est une classification artificielle car une EMI est une expérience continue. Les éléments, quoique distincts, ne peuvent être isolés.
Néanmoins, cette division est pratique, nous dit Pim, pour une explication scientifique éventuelle des EMI.
Les douze éléments des EMI selon Raymond Moody
- Le caractère ineffable de l’expérience
» J’y étais. J’étais de l’autre côté. Pendant longtemps c’est tout ce que j’ai pu dire. J’ai encore les larmes aux yeux quand je repense à cette expérience. C’est trop ! C’est tout simplement trop pour le langage humain. […]
Je regrette que les mots ne puissent rendre justice à mon expérience. Je dois admettre que le langage humain est malheureusement insuffisant pour traduire l’ampleur, la profondeur, et l’autre dimension que j’ai vue. En fait, aucune plume ne peut traduire ce que j’ai traversé. «
2. Une formidable sensation de paix, de joie, de béatitude, et la disparition complète de la douleur
3. La conscience d’être mort(e)
» Le truc bizarre c’est que je n’étais pas surpris ni rien. J’ai juste pensé : voilà, je suis mort maintenant. C’est donc ça qu’on appelle la mort. «
4. La décorporation
L’importance scientifique de la décorporation est grande, puisque les médecins et infirmières et la famille du patient peuvent vérifier et corrober ou infirmer ses dires.
Voici ce qu’écrit Janice Miner Holden dans son article Veridical Perception in Near-death experiences, des résultats qui prouvent, nous dit Pim Van Lommel, qu’une décorporation ne peut pas être une hallucination :
» Dans une étude reprenant 93 témoignages sur des perceptions hors du corps potentiellement vérifiables (ou des « perceptions véridiques apparemment non physiques ») pendant une EMI, il apparaît que 43% ont été confirmées à l’enquêteur par un informateur indépendant, dans 43 autres %, le sujet a dit qu’elles avaient été confirmées par un observateur indépendant qui ne pouvait plus être entendu par l’enquêteur, et 14 % ne se fondaient que sur le témoignage du sujet. Sur l’ensemble de ces perceptions, 92% étaient parfaitement justes, 6% contenaient une part d’erreur et 1% seulement était complètement fausse. «
La citation est extraite de l’ouvrage The Handbook of Near-death experiences.
Merci à Praeger Publishers – ABC-CLIO
5. Un espace obscur
La personne a l’impression d’être tirée, assez brusquement, dans un espace obscur, qu’elle décrit comme un espace fermé, un vide ou un puits.
Environ 15% des sujets vivent le séjour dans cet espace comme effrayant.
1 à 2 % des sujets restent dans cet espace et vivent une EMI terrifiante, parfois qualifée de « descente aux enfers ».
Une étude de Nancy Evans Bush a révélé que ces EMI terrifiantes ne sont pas le seul fait des personnes « mauvaises ».
Pim Van Lommel écrit qu’elles pourraient s’expliquer » par le fait qu’il existe en chacun de nous des traits de caractère négatifs et que l’expérience de mort imminente en amplifierait un ou plusieurs pour qu’ils soient ensuite analysés. «
Pour 98 à 99 % des sujets, un minuscule point de lumière apparaît dans cet espace obscur et les sujets se sentent aspirés vers lui, généralement à une vitesse incroyable. C’est ce qu’ils décrivent comme le passage dans un tunnel.
Voyons brièvement les éléments suivants :
Traits caractéristiques suivants des EMI selon Raymond Moody
6. La perception d’un environnement irréel, éblouissant de beauté, avec des couleurs sublimes, des fleurs étonnantes et parfois une merveilleuse musique.
7. La rencontre et la communication avec des personnes décédées, généralement des parents proches.
Les sujets ressentent une connexion de pensées et de sentiments très forte avec ces personnes décédées.
8. La perception d’une lumière brillante ou d’un être de lumière.
La lumière est décrite comme extrêmement vive sans toutefois être aveuglante. Elle imprègne toute chose et englobe complètement le sujet, qui se sent enveloppé d’amour, un amour comme il n’a jamais connu sur terre.
Cette lumière est parfois perçue comme un être, que le sujet conçoit selon sa religion ou sa spiritualité.
Le sujet a également l’impression d’avoir un accès immédiat à une connaissance intégrale.
9. La revue de vie
Généralement en présence de la lumière ou de l’être de lumière, le sujet revoit le film de sa vie.
- C’est une vision panoramique qui lui donne accès à tous ses actes et ses paroles, mais aussi toutes ses pensées.
- Il connaît aussi l’impact de ses actes, de ses mots et de ses pensées sur les autres au moment où ils ont eu lieu, et si de l’amour a été partagé ou non.
- La projection du film se fait instantanément : le temps et la distance semblent ne pas exister.
10. Intuitions ou images de l’avenir
Le sujet a l’impression de percevoir une partie de sa vie à venir, là encore sans notion de temps ni de distance.
11. La perception d’une frontière
La personne entend ou comprend qu’elle n’est pas la bienvenue au-delà de cette frontière, et que si elle la franchit elle ne pourrra pas revenir dans son corps physique.
Elle s’entend dire qu’elle doit retourner dans son corps physique parce qu’elle a encore des choses à faire sur terre.
12. La réintégration du corps physique
Le retour du sujet dans son corps — qui pour certaines personnes s’effectue après être repassées par le tunnel — est généralement assez brusque et parfaitement déplaisant, nous dit Pim Van Lommel.
Certaines personnes réagissent avec indignation, déception, voire de la fureur lorsqu’elles reprennent conscience.
» Quand je suis rentrée dans mon corps, c’était atroce, vraiment atroce… l’expérience avait été tellement belle que je ne voulais pas revenir. Je voulais rester là-bas… et je suis pourtant revenue. À partir de de ce moment-là, vivre ma vie à l’intérieur de mon corps, avec toutes les limitations qui m’étaient imposées a été une véritable lutte… Mais plus tard j’ai compris que cette expérience était en fait une bénédiction… «
Comme nous le montre ce témoignage, reprendre la vie après une expérience de mort provisoire n’est pas une mince affaire…
Comment se transforme-t-on, comment change notre vie après avoir traversé une EMI ?
Pour répondre à cette question, je vous propose de nous retrouver dès dimanche prochain, pour la suite de cette chronique !
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6 Comments
Florinette
Merci de votre visite et de votre commentaire qui m’a beaucoup touchée, car, comme vous avez dû vous en rendre compte avec la diffusion et le travail de recherche de vos articles très bien documentés et fouillés, c’est beaucoup de travail de tenir un blog ! 😉
Au plaisir et belle fin de semaine !
Florinette
Foulc Marie-Alix
Article passionnant qui corrobore ma propre expérience.
La mort n’existe pas, notre être existe de toute éternité.
Merci de faire connaître cette réalité et de la partager avec le plus grand nombre.
J’ai hâte de lire les prochains articles.
Je trouve votre blog vraiment bien présenté, bien construit, intéressant, documenté et tellement juste.
Bravo ! Et merci d’être un porteur de lumière !
Marie-Alix
Jerome Choisnet
De merci en merci, c’est mon tour à nouveau ! Merci donc pour votre prompte réponse !
Bien à vous,
Jérôme
Jerome Choisnet
Merci Marie-Alix pour vos appréciations, je suis touché.
Sauf erreur de ma part, vous ne vous êtes pas encore abonnée au blog. Abonnez-vous et vous recevrez dans votre meilleure boîte mail tous mes prochains articles.
Bien à vous,
Jérôme
Lopinet
Merci, Jérôme, pour ce partage, j’y vois l’occasion d’élargir mes connaissances sur la vie et la « mort », qui pour moi représente un changement d’état… Une continuité de vivre plus intensément avec l’Amour comme substance.
Merci encore. Fatiha
Jerome Choisnet
Merci Fatiha pour votre commentaire. Oui, je vois aussi la mort à la fois comme un changement et une continuité.
Bien à vous,
Jérôme