La vie post-mortem astrale : cas spéciaux
Une mort subite, par exemple à la suite d’un accident, ne rend pas la vie astrale plus pénible. Mais actuellement, pour la plupart des gens, une mort naturelle est préférable, parce que la vieillesse ou les ravages d’une longue maladie s’accompagnent toujours d’une désagrégation des particules astrales, de sorte que quand l’homme reprend conscience dans le monde astral, une grande partie du travail propre à ce plan est déjà faite.
Dans la plupart des cas, lorsque la vie terrestre est brusquement arrêtée par accident ou suicide, le lien entre Kama et Prana n’est pas facilement rompu, de sorte que le corps astral est fortement vivifié.
La séparation des principes supérieurs de l’homme de leur enveloppe physique lors d’une mort soudaine a été comparée à l’arrachement du noyau d’un fruit qui n’est pas encore mûr. Une grande quantité de matière astrale de l’espèce la plus grossière adhère encore à la personnalité qui est par suite retenue sur le septième sous-plan, le plus bas.
Le trouble mental et la terreur qui quelquefois accompagnent la mort accidentelle sont évidemment une mauvaise préparation à la vie astrale. Dans certains cas, l’agitation et la terreur peuvent persister quelque temps après la mort.
Peine de mort
Les victimes de la peine de mort, non seulement souffrent du gros préjudice qui leur est causé par la séparation brutale du corps astral d’avec le corps physique, le corps astral étant tout frémissant de passion, de haine, de vengeance, etc., mais constituent dans le monde astral un élément particulièrement dangereux. Aussi désagréable que soit un meurtrier pour la société, il est encore beaucoup plus dangereux lorsqu’il est arraché de son corps physique. Et tandis que la société peut se défendre contre les meurtriers qui sont encore dans leur corps physique, elle est actuellement sans défense contre ceux qui sont brusquement projetés dans le monde astral, avec toute la puissance de leurs passions.
De tels individus peuvent devenir les instigateurs d’autres crimes. C’est un fait bien connu que les crimes d’un genre particulier ont souvent répétés dans la même communauté.
Suicide
Le cas du suicide est plus compliqué parce que son acte diminue énormément le pouvoir qu’a l’ego de ramener à lui sa portion inférieure, et par suite, l’expose à de nouveaux et plus terribles dangers. Cependant, il ne faut pas oublier que l’acte du suicide peut avoir une importance très variable suivant les circonstances, depuis le geste moralement irréprochable de Socrate, jusqu’au désespoir du malheureux qui se tue pour échapper aux conséquences physiques de ses propres crimes. La situation de l’individu après la mort varie de la même manière.
Les conséquences karmiques du suicide sont généralement très importantes : elles affectent certainement la prochaine vie et probablement plus d’une vie. C’est un crime contre la nature que de vouloir modifier la durée qui a été prescrite pour la vie physique. Car chaque homme a une durée de vie déterminée par un ensemble de causes très complexe, c’est-à-dire par le karma, et cette durée doit être vécue avant la dissolution de la personnalité. […]
Il ne faudrait pas supposer que la grande supériorité de la vie astrale sur la vie physique justifie le suicide. Les hommes sont incarnés dans des corps physiques pour certains buts qui ne peuvent être atteints que dans le monde physique. Certaines leçons doivent être apprises dans le monde physique et ne peuvent pas l’être ailleurs. Par conséquent, plus tôt nous les aurons apprises, plus tôt nous serons libérés de la nécessité de retourner à la vie la plus inférieure et la plus limitée. L’ego a beaucoup de peine à s’incarner dans un corps physique, et à vivre la période sans intérêt de la première enfance pendant laquelle il s’assure péniblement et au prix de grands efforts le contrôle de ses nouveaux véhicules. Ces efforts ne doivent pas être follement gaspillés. C’est pourquoi l’instinct de la conservation naturel doit être écouté, et le devoir de l’homme est de tirer le plus grand parti possible de sa vie terrestre et de la faire durer aussi longtemps que les circonstances le permettent. […]
Mort des soldats
Concernant les soldats tués dans la bataille […], quelle que soit la valeur réelle de la cause pour laquelle il combattent, ils pensent qu’elle est juste ; pour eux c’est l’appel du devoir et il sacrifient leur vie volontairement et d’une manière désintéressée. Par suite, en dépit de ses horreurs,la guerre peut constituer à un certain niveau un puissant facteur d’évolution. Ce fait est la partielle de vérité qui se cache dans l’idée du fanatique mahométan d’après laquelle l’homme qui meurt en combattant pour la foi atteint immédiatement une vie meilleure dans l’autre monde.
Enfants
Dans le cas des enfants qui meurent jeunes, il est peu probable qu’ils aient développé beaucoup d’affinités pour les subdivisions inférieures du monde astral, et en fait on les trouve rarement sur les sous-plans inférieurs.
Personnes retenues sur la terre
Les personnes qui sont retenues par la crainte sur la terre […] sont des gens qui restent et non qui reviennent parce qu’ils sont incapables de se détacher de la matière physique tant que certaines activités physiques auxquelles ils s’intéressent n’ont pas pris fin. […]
Certaines personnes s’accrochent si désespérément à la vie matérielle qu’à leur mort, leur corps astraux ne peuvent pas immédiatement se séparer de leurs corps éthériques, et par suite, elles s’éveillent encore entourées de manière éthérique. Elles se trouvent dans des conditions très pénibles : le monde astral leur est fermé par l’enveloppe éthérique qui les entoure, et en même temps, la vie physique ordinaire leur est inaccessible parce qu’elles n’ont plus d’organes des sens physiques.
Il en résulte qu’elles errent solitaires, muettes et terrifiées, incapables de communiquer avec les entités de l’un ou l’autre plan. Elles ne peuvent pas comprendre que si elles cessaient de se raccrocher frénétiquement à la matière, elles glisseraient, après quelques instants d’inconscience, à la vie astrale ordinaire. Mais elles se cramponnent à leur monde terne avec leur demi-conscience misérable plutôt que de se laisser aller à ce qu’elle croient être l’anéantissement ou encore l’enfer à quoi on leur a appris à croire.
Au cours du temps, l’enveloppe éthérique se désagrège et le processus naturel se poursuit en dépit de leurs efforts. Quelquefois, au comble du désespoir, elles se laissent aller, préférant même l’annihilation à leur existence actuelle, ce qui produit des résultats très agréables à leur grande surprise.
Dans certains cas, elles peuvent être aidées par une autre entité astrale qui les persuade de lâcher prise sur ce qu’elles croient être la vie.
Dans d’autres cas, elles peuvent avoir le malheur de découvrir un moyen de reprendre contact dans une certaine mesure avec la vie physique à travers un médium, malgré « l’esprit-guide » de celui qui en général leur interdit cette possibilité.
L’intervention du guide est salutaire parce que de telles entités, dans leur détresse abandonnent tout scrupule et sont capable de rendre fou le médium, s’accrochant à lui comme un homme qui se noie s’accroche à la vie. Elles ne peuvent y réussir que si le médium a perdu en partie le contrôle sur ses véhicules en se laissant aller à de mauvaises pensées ou à de mauvaises passions.
Obsession du corps d’un animal
Quelquefois, une entité peut-être capable de s’emparer du corps d’un bébé, expulsant la faible personnalité pour laquelle il était préparé ; elle peut même être capable d’obséder le corps d’un animal, le fragment d’âme-groupe qui chez celui-ci tient la place de l’ego ayant sur le corps un contrôle plus faible que celui de l’ego. Cette obsession peut-être complète ou partielle. L’entité obsédante revient ainsi en contact avec le plan physique ; elle voit à travers les yeux de l’animal, sent les douleurs qui lui sont infligées ; en fait, et autant que sa propre conscience est en jeu, elle est l’animal pour une certaine période.
Un homme qui pénètre ainsi un animal ne peut pas abandonner le corps de l’animal à volonté, mais seulement graduellement, et au moyen d’efforts considérables qui durent probablement plusieurs jours. Habituellement il est libéré seulement à la mort de l’animal, et même à ce moment, il reste un lien astral à briser. Après la mort de l’animal, une telle âme s’efforce quelquefois d’obséder un autre membre du troupeau ou toute autre créature sur laquelle dans son désespoir elle peut avoir quelque influence. Les animaux les plus facilement obsédés semblent être les moins développés, les bestiaux, moutons et porcs. Les créatures plus intelligentes tels que les chiens, chats et chevaux sont plus réfractaires à l’obsession mais ils n’en sont pas complètement à l’abri.
Tout obsession, soit d’un corps humain, soit d’un corps animal, est mauvaise, et constitue un obstacle à l’évolution de l’âme obsédante, car elle fortifie temporairement son lien avec la matière physique, et retarde ses progrès normaux dans la vie astrale. En outre, elle tisse des liens karmiques tout à fait indésirables.
Dans le cas d’un homme qui, par ses vices ou de toute autre manière, crée un lien très puissant avec un certain type d’animal, son corps astral présente des caractéristiques animales, et peut ressembler en apparence à l’animal dont il a développé les qualités dans sa vie terrestre. Dans les cas extrêmes, l’homme peut être lié au corps astral de l’animal, et par cet intermédiaire, enchaîné comme un prisonnier au corps physique de l’animal. L’homme est conscient sur le plan astral, possède les facultés humaines, mais ne peut contrôler le corps de l’animal, ni s’exprimer au moyen de ce corps sur le plan physique. Le corps de l’animal constitue une prison et non un véhicule, et de plus, l’âme animal n’est pas expulsée mais reste la véritable propriétaire du corps.
Les cas de ce genre expliquent au moins partiellement la croyance très répandue en Orient, d’après laquelle l’homme peut, dans certaines conditions, se réincarner dans un corps animal.
Cas très rares de soumission extrême à Kama
Dans certains cas très rares, la personnalité ou l’homme inférieur peut être si bien soumise à Kama que le Manas inférieur ne peut s’en séparer. Le lien entre le mental inférieur et le mental supérieur, « le fil d’argent qui le relie au Maître », se divise en deux. C’est ce qui est désigné en occultisme par l’expression « la perte de l’âme ». C’est la perte du soi personnel qui s’est séparé de son père l’ego supérieur, et s’est ainsi condamné à périr.
Dans un tel cas, même pendant la vie terrestre, le quaternaire inférieur est séparé de la Triade, c’est-à-dire que les principes inférieurs dont le plus élevé est Manas inférieur, sont séparés des principes supérieurs, Atma, Buddhi et Manas supérieur. L’homme est brisé en deux parties, la brute est déchaînée et elle va sans maître, emportant avec elle le reflet de la lumière manasique qui aurait dû être son guide dans la vie. Une telle créature, à cause de la possession du mental est plus dangereuse qu’un animal non évolué : bien qu’ayant une forme humaine, elle a la nature d’une brute sans aucun sens de la vérité, de l’amour ni de la justice.
Après la mort physique, un tel corps astral constitue une entité d’une puissance terrible et c’est le seul cas où une entité non humaine puisse dans des conditions exceptionnelles s’incarner dans le monde des hommes. Elle n’a pas d’autre instinct que ceux de l’animal ; elle est poussée par les passions, jamais par les émotions, avec une adresse inégalable, une cruauté délibérée ; il n’est pas de créature plus vile, et elle est l’ennemi naturel de tous les êtres humains normaux. Un être de cette catégorie, que l’on désigne sous le nom d’élémentaire — le mot élémentaire a été employé par divers auteurs dans des sens différents mais nous l’employons ici pour désigner l’entité qui vient d’être décrite —, tombe de plus en plus bas à chaque incarnation, jusqu’à ce que la force mauvaise s’usant enfin, ils périsse : il se désagrège et cesse d’exister comme entité séparée.
Au point de vue de l’ego, cette personnalité n’a acquis aucune expérience utile ; le « rayon » n’a rien apporté, la vie inférieure a été un échec complet.
Arthur E. Powell, Le corps astral, Ed. Adyar, pp. 157-164, extraits choisis