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Mort ou pas ? Conscience et cerveau

 

Voici donc la quatrième partie de ma chronique de l’ouvrage du cardiologue hollandais Pim Van Lommel, consacré aux dernières découvertes médicales sur les EMI — les Expériences de Mort Imminente.

Mort ou pas ?

 

Mort ou pas ?

Je vous rappelle que ma chronique comporte trois autres parties, que j’ai rédigées il y a quelques jours.

Pour les consulter, c’est ici : Partie 1, Partie 2, Partie 3

 

Conscience et physique quantique

Pim Van Lommel a constaté — il n’est pas le premier à faire cette constatation — que certains éléments des EMI ne sont pas sans présenter une certaine parenté avec les concepts de la physique quantique.

C’est pourquoi il s’est penché de près sur le sujet des liens entre la conscience et la théorie quantique.

Il a ainsi fait le choix de nous proposer tout d’abord un digest de théorie quantique, indispensable à la compréhension du dernier tiers de son ouvrage.

Cette présentation de la physique quantique par Pim Van Lommel m’apparaît confuse, et parfois rendondante d’un paragraphe à l’autre, sans formuler clairement les points essentiels.

En somme une présentation peu claire pour moi, alors que j’ai étudié la physique quantique en école d’ingénieur !

Pour ceux de mes lecteurs qui désirent un aperçu synthétique clair et simple sur la physique quantique — aussi appelée improprement mécanique quantique — je recommande cet excellent article de David Louapre.

Pour les autres lecteurs, je vous propose de simplement prendre connaissance de l’idée-clé ci-dessous :

Les concepts naguère bien déterminés de causalité, de continuité et de réalité objective sont bouleversés par la physique quantique, ce qui est à première vue fortement déroutant pour notre sens commun.

Un problème rencontré par la physique classique

Au début du XXe siècle, la physique classique ne pouvait plus expliquer certains phénomènes naturels, notamment les propriétés de la lumière, qui constituaient un des problèmes majeurs.

Dès le début du XIXe siècle, la lumière avait posé un problème pour la physique classique, mis en évidence par l’expérience des fentes de Young, en 1802.

Thomas Young n’avait reçu qu’hostilité et mépris lors de la publication des résultats de son expérience, car elle contredisait la théorie de Newton :

Cette publication  » ne contient rien qui mérite le nom d’expérience ni de découverte et n’a aucune valeur… Nous voulons élever la voix contre des innovations qui ne peuvent avoir d’autre effet que de mettre en échec le progrès de la science et de réveiller tous ces fantômes de l’imagination que… Newton a chassés du Temple de la science.  »

Il se trouve qu’en fonction du dispositif expérimental, la lumière se comporte soit comme une particule, soit comme une onde, mais jamais les deux en même temps. Particules et ondes semblent être deux aspects incompatibles.

Le choix que fait l’expérimentateur concernant le protocole détermine le comportement de la lumière !

La révolution apportée par la physique quantique est que l’ensemble de l’univers — et pas seulement la lumière — est influencé par notre observation.

L’univers n’est pas quelque chose de bien déterminé que nous pouvons observer et comprendre comme des spectateurs d’un film. Nous avons une influence sur le film qui se déroule sous nos yeux.

Comme l’a exprimé le physicien Niels Bohr :

 » Dans le grand drame de l’existence, nous sommes à la fois acteurs et spectateurs. « 

La conscience crée la réalité

Cette courte phrase — la conscience crée la réalité — est tout simplement le résumé de la position de certains chercheurs d’aujourd’hui, position à laquelle Pim Van Lommel se rallie :

 

Cerveau et conscience

Le philosophe australien David Chalmers a pour prédilection l’étude de la conscience.

Il a recensé six types de théories sur la relation entre cerveau et conscience :

  • Trois modèles matérialistes et réductionnistes
  • Trois autres modèles non matérialistes

Dans leur majorité, les chercheurs dans le domaine de la conscience, qu’ils soient neuroscientifiques, philosophes, psychologues, psychiatres, prônent une explication matérialiste et réductrice de la conscience.

Ainsi, Daniel Dennett a une conception de la conscience qui ressortit au modèle A de David Chalmers.

Modèles matérialistes réductionnistes

  • Modèle A : le matérialisme moniste. Ce modèle est fondé sur l’idée que tout est matière. Puisque le cerveau est formé de neurones régis par des processsus physico-chimiques, il suffit d’expliquer ces processus pour expliquer aussi la conscience.

 

  • Modèle B : il part du principe que la conscience doit être identique à des processus cérébraux, puisque dans un cerveau actif il existe un lien entre certaines activités cérébrales et certaines expériences de conscience.

 

  • Modèle C : Les tenants de ce modèle admettent que pour le moment, la conscience ne peut pas être réduite aux focntions cérébrales, mais le progrès scientifique aidant, cela ne saurait tarder.

Modèles non réductionnistes

  • Modèle D : La conscience et le cerveau sont radicalement différents et néanmmoins hautement interactifs. Les philosophes rejettent généralement ce modèle avec des arguments empruntés à la physique, tandis que les scientifiques ont tendance à le rejeter sur des bases philosophiques.

 

  • Modèle E : épiphénoménalisme ou dualisme faible. Ce modèle considère que certaines aires du cerveau déclenchent certaines expériences de conscience, mais affirme que la conscience n’a aucun effet sur les fonctions cérébrales ni sur les focntions corporelles. Les expériences de neuroplasticité démentent ce modèle.

 

  • Modèle F : il porte le nom de monisme immatériel, ou de panpsychisme, voire de panprotopsychisme.

Dans ce modèle, nous explique Pim Van Lommel qui penche en sa faveur, toute matière a des propriétés subjectives, c’est-à-dire une forme de conscience, à un niveau élémentaire ou fondamental.

Le panprotopsychisme est une variante subtile du panspychisme, formulée par David Chalmers.

 

Le cerveau émetteur-récepteur

Pim Van Lommel décrit le cerveau comme un poste émetteur-récepteur de conscience.

De même qu’un poste de télévision capte l’information de champs électromagnétiques et la restitue en sons et images, le cerveau capte une partie de la conscience totale et la restitue dans notre conscience de veille.

Et de même qu’une caméra de télévision capte son et image et les convertit en ondes électromagnétiques, le cerveau capte des informations en provenance du corps et des sens et les transmet à la conscience.

Le transfert instantané d’informations entre les cerveaux de sujets isolés

Des expériences ont été réalisées, qui semblent fournir la preuve scientifique du caractère non local de la conscience.

Le neurophysiologiste Jacobo Grinberg-Zylberbaum a eu l’idée de placer deux personnes dans des cages de Faraday électromagnétiques, c’est-à-dire des enceintes isolées afin d’empêcher tout transfert d’information électromagnétique.

On relève l’EEG (électroencéphalogramme) des deux personnes de manière continue pendant toute l’expérience.

Si l’on produit des éclairs lumineux de manière aléatoire dans l’une des enceintes, la personne qui s’y trouve reçoit une stimulation sensorielle (visuelle) et son EEG s’en trouve modifié à chaque éclair.

La personne située dans l’autre enceinte n’est quant à elle pas soumise à stimulation.

Jacobo G.-Z. a observé que si l’on choisit deux personnes liées par un lien de parenté, l’EEG de la personne non stimulée change au moment des éclairs reçus par la première personne.

Pim Van Lommel mentionne plusieurs études réalisées par d’autres scientifiques qui ont révélé les mêmes corrélations entre EEG dans trois laboratoires différents.

Ces travaux confirment le caractère non local de la conscience. On peut alors se demander comment se fait le lien entre cette  conscience non locale et le cerveau physique.

C’est ce que Pim a voulu savoir.

Quel est le passage entre concience non locale et cerveau ?

Trois hypothèses ont été présentées pour décrire cette transition entre la conscience non locale et le cerveau, mais il est probable, nous dit Pim, que cette transition ne sera jamais entièrement compréhensible ou vérifiable.

  • La première hypothèse est celle du neurobiologiste Herms Romijn, qui considère que des photons virtuels pourraient être les porteurs de la conscience non locale, qui serait ainsi une conscience « voyageuse » bien que non locale.

Si vous y souhaitez y voir plus clair, les détails sont dans cette publication

  • La seconde hypothèse est celle du physicien quantique Henry Stapp, qui s’appuie sur l’effet quantique de Zénon, celui-ci s’énonçant ainsi :

Si l’on fait une série d’observations successives dans un système quantique, l’effet de l’observation semble se geler, le système perpétuellement changeant semble ralentir puis s’arrêter.

  • La troisième hypothèse est celle qui a la préférence de Pim. Elle s’énonce en ces termes :

 » Le transfert d’information — entre conscience et cerveau — se fait par une corrélation de spin quantique. « 

La corrélation de spin quantique n’est pas une nouvelle élucubration isolée. En effet, aussi appelée résonance magnétique nucléaire (RMN), elle est le principe bien connu sur lequel repose l’Imagerie par Résonance Magnétique : l’IRM.

 

La transition entre la conscience non locale et le cerveau est peut-être expliquable scientifiquement sans faire appel à la physique quantique.

En effet, la physique s’est également développée, à partir des années 1960, dans une autre direction, que la recherche quantique a largement éclipsée. Aujourd’hui, le mot quantique est sur toutes les lèvres et dans toute la presse, ce qui n’est pas du tout le cas du terme stochastique.

L’électrodynamique stochastique est pourtant une branche de la physique qui donne une autre vue des phénomènes inexpliqués.

Pour en savoir davantage sur cette physique fort peu connue, le meilleur article à mes yeux est celui d’Alain Boudet, consultable ici.

Pim Van Lommel ne la mentionne pas du tout car il n’en a probablement pas entendu parler, bien que cette physique n’ait rien de secret.

D’ailleurs Pim nous rappelle régulièrement tout au long de son ouvrage son point de vue sur la science et les scientifiques, par des citations comme celle-ci, de Frederik van Eeden :

 » La principale difficulté est que les affirmations de quelques scientifiques sont violemment critiquées par la plupart de leurs pairs, pas sur la base de recherches, mais a priori ; pas avec des arguments rationnels, mais avec des motivations affectives.

Des motivations affectives qui engendrent sarcasme, mépris et insinuations et ne reposent que sur un attachement très peu philosophique à un système fermé. Cela paraît à peine croyable. « 

 

 

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