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L’histoire de Thespesios, une EMI antique ?

Thespesios, qui passa le début de sa vie dans une grande débauche, fit un jour une chute d’une grande hauteur. Tombé sur la nuque, il n’eut pas de blessure, mais resta inanimé, et on le laissa pour mort.

L’histoire de Thespesios qui commence ainsi, nous est contée par Plutarque, penseur grec de la Rome antique, qui vécut de 46 ap. JC. jusque 125 ap. JC. Auteur de plus de deux cents oeuvres, Plutarque nous a notamment laissé ses Vies parallèles des hommes illustres, ouvrage comptant, dans la collection Quarto de chez Gallimard… 2291 pages !

 

 

Le texte grec de Plutarque a été traduit et légèrement remanié par Jean Prieur, qui en donne un commentaire dans son ouvrage intitulé L’aura et le corps immortel.

Dans la suite de cet article de blog, tout ce qui apparaît en bleu et italiques est une citation du livre de Jean Prieur.

 

Plutarque, le conteur de l'histoire de Thespesios               L'aura et le corps immortel

 

 

PLUTARQUE

 

 

 

 

 

                      Merci à mythologica.fr

 

Le troisième jour, alors qu’on le porte au tombeau, Thespesios reprend connaissance. Il raconte alors à Protogène, un ami, son étonnante aventure :

L’étonnante histoire de Thespésios

Je vous propose de découvrir ci-dessous cette étonnante histoire, agrémentée de mes observations.

  • “ Au moment où je perdis connaissance, j’eus l’impression de tomber dans un gouffre, d’être un marin que la mer aurait englouti. Puis je me relevai et je constatai que je respirais parfaitement et que je pouvais voir de tous les côtés à la fois, mon âme s’étant ouverte comme si elle constituait un seul œil. J’apercevais des astres d’une grandeur prodigieuse qui jetaient des feux éblouissants et colorés. Ces astres étaient séparés par des intervalles immenses. Portée sur cet océan de lumière comme un navire sur des eaux calmes, mon âme voguait avec légèreté et se rendait là où la portait son désir avec une extrême vitesse. “

 » Je respirais parfaitement  » :

On peut présumer que Thespésios a fait une décorporation. Dans ce cas, c’est son corps astral qui respire parfaitement. Cela correspond à ce qu’affirme Jean Prieur dans son ouvrage.

 » Je pouvais voir de tous les côtés à la fois  » :

Cette vision étendue à tout l’espace est rapportée dans de nombreux témoignages de notre époque de rescapés d’une expérience de mort provisoire.

 » Mon âme se rendait là où la portait son désir avec une extrême vitesse  » :

On sait que les rescapés de mort provisoire témoignent de cette capacité à se trouver immédiatement dans le lieu auquel ils pensent, sitôt la pensée formulée.

Si vous souhaitez avoir une vue détaillée des expériences de mort provisoire — ou EMI comme on les nomme communément —, je vous invite à lire les différentes parties de ma chronique de l’ouvrage de Pim Van Lommel intitulé Mort ou pas ?

 

  • “ Les âmes des morts ont la forme de bulles de feu qui s’élèvent dans l’éther. Bientôt ces bulles éclatent sans bruit et les âmes en jaillissent sous forme humaine, de volume semblable, mais n’ayant pas le même mouvement. Les unes prennent un élan rapide et montent en ligne droite, les autres tournent à la façon des toupies que l’on fouette, montent et descendent tour à tour d’un mouvement irrégulier et n’avancent qu’au prix d’efforts pénibles. […] “

“ Les âmes des morts ont la forme de bulles de feu qui s’élèvent dans l’éther “ :

Cette forme de bulle de feu ne se rencontre pas dans les EMI, à ma connaissance. Si vous disposez d’un témoignage évoquant une telle bulle de feu, je serai heureux de le lire. Vous pouvez m’en faire part dans les commentaires en desssous de l’article !

Certaines âmes montent rapidement en ligne droite :

Jean Prieur affirme que les âmes droites montent en ligne droite, tandis que les autres âmes, dépaysées dans ce monde astral encore nouveau pour elles, sont maladroites et soumises à des courants qu’elles ne maîtrisent pas et qui les font redescendre :

D’autres ” montent et descendent tour à tour d’un mouvement irrégulier et n’avancent qu’au prix d’efforts pénibles. « 

 

  • “ On pouvait en voir d’autres, au sommet du cosmos, brillantes, se rapprochant par amour les unes des autres et s’éloignant de ces âmes troublées. Elles marquaient, me semblait-il, un sentiment désagréable par un resserrement sur elles-mêmes, et par une expansion un sentiment agréable et doux. Une de ces âmes s’approcha de moi et me dit :

 » Bonjour, Thespesios !  » C’était un de mes parents, j’eus de la peine à le reconnaître, car il était mort pendant mon enfance.   » Tu n’es pas mort, m’assura-t-il, mais par une volonté particulière des dieux tu es venu ici avec ta conscience. Tu as laissé le reste de tes facultés comme une ancre dans ton corps. La preuve que je t’en donne, c’est que les âmes des morts ne projettent pas d’ombre et que leurs yeux ne cillent pas « .

“ C’était un de mes parents “ :

 De nos jours aussi, les rescapés d’une mort provisoire nous déclarent presque toujours qu’ils sont accueillis par des parents ou amis proches.

 

  • “ Entendant cela, je me mis à réfléchir davantage, et je vis qu’une certaine ligne obscure et ombreuse était attachée à moi-même, tandis que les autres âmes étaient rayonnantes et transparentes, mais pas toutes de la même manière : les unes, comme le clair de lune le plus pur, irradiaient une couleur unique, continue et régulière. D’autres étaient traversées de mouchetures, d’autres étaient tout à fait bigarrées et d’aspect étrange, comme les serpents tachetés de noir, d’autres présentaient comme de larges meurtrissures. “

“ Une certaine ligne obscure et ombreuse était attachée à moi-même “ :

C’est une description de ce qu’on appelle généralement le cordon d’argent, qui relie le corps astral au corps physique durant une expérience de mort provisoire ou une autre expérience hors du corps.

La rupture de ce cordon entraîne la mort du corps physique.

 

  • “ Celui qui, de la terre, arrive ici sans être purifié est saisi par Diké, la Justice, qui montre son âme toute nue, n’ayant rien pour dissimuler et envelopper ses vices. Elle est vue de tous les côtés par tous dans sa totalité. Diké la montre d’abord, dégoûtante et indigne, à ses parents, s’ils sont gens de bien. Si les parents sont mauvais, l’âme voit les supplices de ces derniers, qui voient les siens et elle est châtiée longtemps. Diké enlève à chacun ses fautes par ses douleurs et ses supplices, qui dépassent en intensité et en violence ceux de la chair, dans la mesure où la réalité est plus énergique que le rêve. Les cicatrices et les meurtrissures provenant des passions subsistent plus ou moins longtemps selon les êtres. “

“ Diké, la Justice “

Diké, fille de Zeus et de Thémis, est une divinité de la Justice. On peut la rapprocher, nous dit Jean Prieur, de la notion orientale de karma.

La notion de karma est complexe, tout comme celle de la réincarnation à laquelle elle est liée. Laurent Guyénot l’étudie en profondeur dans ses ouvrages. Pour en savoir davantage sur la question, je vous invite à lire ma chronique de Lumières nouvelles sur la réincarnation.

 

  • “ Vois, me dit mon parent, les couleurs bigarrées et variées des âmes. La couleur sombre et sale est le revêtement de la bassesse et de la cupidité, la couleur rouge et enflammée, le revêtement de la cruauté et de la dureté. Là où se trouve une teinte verte, là se trouve l’intempérance dans les plaisirs qui ne s’arrache qu’avec peine. La malveillance, accompagnée d’envie, émet une teinte rouillée et malsaine comme les seiches émettent leur couleur noire. “

“ Les couleurs bigarrées et variées des âmes “ :

Jean Prieur affirme que les couleurs décrites par le parent de Thespésios correspondent à des  » descriptions d’auras qui rejoignent tout à fait ce qu’en dit l’ésotérisme d’aujourd’hui et de toujours. « 

 

  • “ Là-bas, la malice de l’âme, tourmentée par les passions et tourmentant à son tour le corps, donne ces couleurs. Ici, c’est l’achèvement de la purification et du châtiment, et l’âme devient complètement brillante et de couleur unie. 

Jusqu’à ce que cela se produise, il arrive quelques retours de passion qui amènent des agitations et des crises ; pour quelques-uns ces crises sont obscures et rapidement étouffées, pour d’autres, elles durent avec violence. Certaines âmes, à force d’être châtiées, reprennent l’ordre et l’état convenables. Pour les autres, leur ignorance et leur luxure les obligent à retomber dans le corps d’êtres organisés. 

En effet, d’une part la faiblesse de raisonnement et l’incapacité de réfléchir les portent activement vers la génération ; d’autre part, ayant besoin d’un instrument pour leurs débauches, elles désirent coudre ensemble passions et jouissances et les exciter au moyen d’un corps. Car ici elles ne sont qu’une ombre incomplète et un rêve qui ne connaît pas l’accomplissement. […] “

 » Leur ignorance et leur luxure les obligent à retomber dans le corps d’êtres organisés »:

Plus que la luxure, c’est peut-être simplement la nostalgie de la vie terrestre et des sensations du corps (le plaisir en général) qui conduit certaines âmes à rester attachées à la terre, au point de de désirer y retourner et revivre dans un corps physique.

 

  • “ Plus loin, traversant un séjour de clarté, j’entendis au passage la voix aiguë d’une femme qui parlait en vers et prédisait l’avenir. Un Génie me dit que c’était la voix de la sibylle qui gravitait dans l’orbite de la lune. Elle m’annonça le temps auquel je devrais mourir pour de bon. J’aurais bien voulu en entendre davantage, mais je fus repoussé par un tourbillon. “

“ Un Génie me dit que c’était la voix de la sibylle “ :

Notre héros Thespésios se trouve ici confronté à un monde astral issu de sa culture de l’Antiquité gréco-romaine, où séjournent des génies tutélaires et des sybilles qui font oeuvre de divination.

Dans l’étape suivante de son périple, Thespesios, survolant des zones infernales, rejoint des lacs de métaux en fusion : un lac d’or, un lac de plomb, un lac de fer. Des démons, armés de tenailles semblables à celles des forgerons, plongent à plusieurs reprises les âmes des criminels tour à tour dans les trois lacs où elles se brisent, changent de forme, éclatent.

Cet épisode des trois lacs se prête à plusieurs interprétations, mais Jean Prieur se contente de d’y voir une analogie avec l’Apocalypse de Jean.

Le  récit se termine alors que Thespésios éprouve soudain une peur indicible, à la vue d’une femme d’une grandeur et d’une beauté merveilleuses, qui lui dit  » Viens donc ici, toi, que tu te souviennes mieux de chaque chose  » tandis qu’elle approche de lui une petite baguette rougie au feu comme celles dont usent les peintres à l’encaustique…

Mais une autre femme l’en empêche, et Thespésios, soudain, est comme aspiré à travers un tube pneumatique par un souffle d’une irrésistible violence, puis retombe dans son corps et ouvre les yeux alors qu’il était presque parvenu au pied de son tombeau.

Le revirement de Thespésios

Plutarque nous apprend que Thespésios effectue alors une volte-face, un revirement :

“ Un revirement incroyable dans son mode de vie, car les Ciliciens ne connaissent pas d’homme qui ait davantage respecté la justice dans ses engagements parmi ses contemporains, ni été plus pieux envers la divinité, ni plus fâcheux pour ses ennemis ou plus sûr pour ses amis. Aussi ceux qui le fréquentaient voulurent-ils apprendre la cause de cette différence de comportement, se disant qu’une réforme si complète de son caractère ne pouvait être l’effet du hasard — et c’était bien la vérité, comme lui-même le raconta à Protogène et à d’autres amis tout aussi respectables. “


Cet article vous a plu ?

Si vous voulez en savoir davantage, soyez tranquille, Plutarque vous propose 2291 pages de lecture :

Vies parallèles

 

 

 

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2 Comments

  • Florinette

    Quand on se penche sur les EMI, c’est là que l’on s’aperçoit que ces expériences ne datent pas d’hier et qu’heureusement Platon et Pultarque nous ont rapporté ces témoignages…

    En ce qui concerne les bulles, je me souviens d’un témoignage que je viens de retrouver, il n’évoque pas une bulle de feu, mais une bulle de savon ou un ballon… En voici l’extrait :

    « Le Dr Wiltse se souvient bien que son « soi tout entier » s’est retrouvé dans sa tête. Alors qu’il en sortait, il a vu deux femmes pleurer à côté de la tête de son enveloppe corporelle et s’est demandé s’il aurait de la place pour se tenir là.

    « En émergeant de ma tête, j’ai flotté de haut en bas et latéralement comme une bulle de savon attachée au bout d’un tube, jusqu’à ce que je me sépare du corps et je suis lentement tombé au sol, d’où je me suis lentement agrandi jusqu’à la taille d’un homme. Il me semblait que j’étais translucide, d’une teinte bleutée, et entièrement nu. »

    L’évocation de la « bulle de savon attachée au bout d’un tube » fait directement écho à une description que fera à la fin des années 1930 le poète Antonin Artaud de sa propre expérience suite aux électrochocs qu’on lui infligea à l’hôpital de Rodez. Il raconte en effet :

    « Je m’étais senti crever et jaillir au-dessus de ma propre dépouille, mais sans parvenir à me séparer tout à fait de mon corps. Je flottais dans l’air comme un ballon captif, me demandant de quel côté était la route… »

    Cet extrait figure dans le livre « L’expérience de mort imminente » de Jocelin Morisson :
    http://www.leslecturesdeflorinette.fr/2017/04/l-experience-de-mort-imminente-jocelin-morisson.html

    Bonne journée Jérôme et merci pour ce passionnant article !

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